Deuxième tour de présidentielle
La Bolivie entame un virage à droite après 20 ans de gauche au pouvoir

La Bolivie s'apprête à tourner la page de deux décennies de gouvernements de gauche. Les projections du premier tour de l'élection présidentielle placent deux candidats de droite en tête, avec Rodrigo Paz légèrement devant Jorge Quiroga.
Publié: 06:56 heures
Partager
Écouter
Rodrigo Paz, à droite de son épouse Maria Elena Urquidi a obtenu le meilleur score du premier tour de l'élection présidentielle bolivienne, selon deux instituts de sondage.
Photo: Freddy Barragan
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

Un ancien président de droite et un sénateur de centre-droit s'affronteront en octobre au second tour de la présidentielle bolivienne, après avoir remporté le premier tour dimanche, infligeant un lourd revers à la gauche au pouvoir depuis 20 ans.

Le sénateur Rodrigo Paz, fils de l'ancien président Jaime Paz Zamora (1998-1993), a créé la surprise en arrivant en tête avec 32,1% des voix, selon un décompte rapide du Tribunal suprême électoral (TSE).

L'ancien président Jorge «Tuto» Quiroga (2001-2002) le suit de près avec 26,8%, selon le même décompte. Les deux vainqueurs ont capitalisé sur le rejet de la gauche, accusée d'être à l'origine de la profonde crise économique dans laquelle le pays est plongé.

Rodrigo Paz, fils d'un démocrate

Economiste de 57 ans, le fils de l'ancien président social-démocrate Jaime Paz Zamora (1989-1993), a passé ses premières années en exil en Espagne, où sa famille a fui les dictatures militaires successives. En plus d'être sénateur de Tarija, un département du sud de la Bolivie, il a été député, et maire de la capitale de cette région frontalière avec l'Argentine.

Représentant du parti chrétien-démocrate (PDC), il a mené une campagne discrète et austère. «Je tiens à féliciter le peuple bolivien, car il a dit : 'je veux du changement'. Et nous avons là un signe de changement (...), la grandeur du peuple bolivien qui aspire à un destin différent», a-t-il déclaré devant une foule de partisans à La Paz.

Rodrigo Paz promet d'inclure les classes moyennes et populaires dans la vie économique par des crédits accessibles notamment, et de procéder à une réforme fiscale visant à dynamiser l'industrie nationale. «On le sent, on le sent, Rodrigo président!», ont chanté ses soutiens dans les rues de La paz après l'annonce des premières projections. Sa popularité, il la doit en partie à son colistier, l'ancien commandant de la police Edman Lara, figure très populaire pour ses prises de position contre la corruption.

Jorge Quiroga, vice-président de dictateur

Jorge Quiroga, est un ingénieur de 65 ans qui a travaillé pour la multinationale américaine IBM. Surnommé «Tuto», un nom qu'il a fait officialiser, il représente le parti Libre. Il a été le vice-président de l'ancien dictateur Hugo Banzer, revenu au pouvoir par les urnes à la fin des années 1990, et à qui il a succédé après sa démission.

Candidat présidentiel malheureux à plusieurs reprises, Quiroga se revendique libéral, mais séduit aussi l'électorat conservateur. «Je vais me consacrer à sauver l'économie bolivienne, à attirer les investissements et à ouvrir les marchés», a-t-il récemment déclaré à l'AFP, affirmant vouloir signer des accords de libre-échange avec la Chine, la Corée du Sud, le Japon et l'Europe.

Il promet «un changement radical» et place parmi ses priorités la réduction du déficit budgétaire, la privatisation des entreprises publiques déficitaires, ainsi que l'adoption d'une nouvelle Constitution.

«La crise ne va pas s'apaiser (...). C'est le plus grand défi institutionnel, économique et moral de notre histoire. Et nous allons l'affronter tous ensemble», a-t-il déclaré après l'annonce de sa victoire.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus