«La communauté internationale attend de la COP15 qu'elle soit un moment clé pour inverser la perte de biodiversité, tout comme le sommet de Paris (en 2015 l'a été) pour le changement climatique», a insisté le ministre chinois de l'Environnement, Huang Runqiu. Il s'exprimait lors de la conférence de presse de fermeture de cette session à Kunming, dans le sud-ouest de la Chine.
Ces négociations ont rassemblé environ 2900 délégués à Kunming et 2500 en ligne, un format hybride adopté à cause de la pandémie de Covid-19. Des chefs d'Etat y ont participé en ligne.
La COP15 se conclura au printemps 2022 par des négociations en présentiel prévues en Chine, avec une session intermédiaire en Suisse. Ce format a été adopté pour ne pas retarder davantage les discussions après plusieurs reports.
«Une relance du souffle politique»
Cette première partie, présentée comme essentiellement protocolaire, a aussi permis des avancées sur le fond, avec «une relance du souffle politique» dont «on a envie qu'il se traduise dans le texte des négociations», commente Julien Rochette, du laboratoire d'idées français IDDRI.
La COP15 a adopté la déclaration de Kunming, portée par la Chine et qui défend le concept de «civilisation écologique». Elle reprend en partie les objectifs contenus dans le texte qui sera négocié par les délégations des 196 membres de la Convention sur la diversité biologique (CDB) en janvier à Genève, puis au printemps 2022 lors de la 15e Conférence des parties (COP).
Des engagements ont été pris pour financer la protection de la biodiversité. La Chine a lancé un fonds pour les pays en développement, abondé à hauteur de 200 millions d'euros, et le Japon a mis sur la table environ 14 millions d'euros.
Débuts modestes
Selon l'Agence française de développement (AFD), les besoins sont évalués entre 722 et 967 milliards de dollars par an d'ici à 2030, quand 124 à 143 milliards de dollars sont dépensés et que 500 milliards vont à des subventions néfastes à la nature.
Ces annonces constituent «un début modeste», relève Li Shuo de Greenpeace, qui demande plus d'éclaircissements sur le fonds chinois. Pour certains pays, le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) est l'outil adéquat pour financer les actions en faveur de la biodiversité.
«La question du financement est cruciale, elle va déterminer l'engagement de certains pays (dans les négociations), notamment des pays du Sud», relève Julien Rochette. Les regards se tournent à présent vers Genève, puis vers Kunming au printemps.
Déclin de plus en plus rapide
«La biodiversité continue à décliner à un rythme sans précédent», s'alarme Bruno Oberle, directeur général de l'Union international pour la conservation de la nature (UICN). «Nous ne pouvons pas nous satisfaire du rythme de progression à ce stade. Mais la bonne nouvelle est que nous pouvons encore stopper et renverser le déclin si nous prenons maintenant des actions urgentes».
«Nous devons continuer à avancer sur plusieurs questions en suspens», a insisté Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique (CDB), lors de la conférence de presse. «La plus grande difficulté est la capacité à entraîner toutes les parties prenantes», a-t-elle poursuivi. Un autre point important sera la mise en oeuvre effective des mesures adoptées.
«Nous devons résoudre ensemble les crises de la perte de biodiversité et du changement climatique», a-t-elle encore insisté, alors que se tiendra en novembre la COP26 climat à Glasgow.
(ATS)