Après les frappes ciblées contre plusieurs installations nucléaires iraniennes, le régime de Téhéran menace de lourdes représailles et promet des «conséquences durables». Dans un message adressé à Washington, l’Iran avertit: les Etats-Unis «se sont eux-mêmes placés en danger».
Mais le régime des mollahs sort très affaibli et les frappes israéliennes massives de ces derniers jours suivies de l'attaque américaine dans la nuit de samedi à dimanche ont sérieusement entamé ses capacités. La question est désormais de savoir si la Russie, la Chine et la Corée du Nord viendront à la rescousse du régime.
L'opération «marteau de minuit» des Etats-Unis a fait massivement reculer l'Iran sur un point en particulier: s'il s'avère que les installations nucléaires ont effectivement été détruites ou massivement endommagées, la menace nucléaire des Iraniens devrait disparaître. L'objectif ouvertement exprimé par Téhéran de détruire Israël s'est donc éloigné. A moins que l'Iran ne dispose d'installations nucléaires qui fonctionnent encore ou qui ont été gardées secrètes.
L'arsenal de missiles s'amenuise
En parallèle, les récentes frappes israéliennes ont porté un coup majeur à l’armée de l’air iranienne, déjà vieillissante, et ont ébranlé la stratégie balistique du pays. Sur les quelque 3000 missiles dont disposait encore Téhéran, Israël affirme en avoir détruit environ 40%, ainsi que deux tiers des rampes de lancement. Depuis le début du conflit, quelque 500 missiles ont déjà été tirés vers Israël, ce qui a également réduit les réserves iraniennes.
Face à ce recul militaire, l’Iran montre sa force dans des domaines plus indirects. Des cyberattaques menées contre le géant pétrolier saoudien Aramco et contre une usine de traitement des eaux israélienne illustrent ses capacités accrues dans le domaine numérique. Le régime islamique peut aussi compter sur des réseaux d’adeptes fanatisés à travers le monde, capables de commettre des attentats ciblés contre des infrastructures ou des personnalités étrangères.
Des milices alliées trop faibles
Mais qui, aujourd’hui, pourrait encore soutenir militairement l’Iran? Les alliés habituels – le Hamas, les Houthis au Yémen et le Hezbollah au Liban – sont eux-mêmes épuisés par les frappes israélo-américaines. Reste la crainte d’une implication de puissances comme la Russie, la Chine ou la Corée du Nord.
La Russie a «fermement condamné» les attaques américaines et exige une réaction du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). La Chine qualifie également cette attaque de violation de la charte de l'ONU.
La Russie et la Chine interviendront-elles?
Marcel Berni, expert en stratégie à l'Académie militaire de l'EPFZ, déclare à Blick: «Je pars du principe que la Russie et la Chine continueront de défendre l'Iran sur le plan diplomatique et condamneront l'intervention américaine et israélienne. Mais je ne vois pas d'intervention directe pour le moment.»
Comme dans le cas de Bachar el-Assad en Syrie ou de l'attaque de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie, la Russie devrait, selon Marcel Berni, faire preuve de retenue et se concentrer sur l'Ukraine. Et bien que la Russie ait reçu des drones iraniens Shahed, le partenariat stratégique signé avec Téhéran en janvier n’inclut aucune clause de défense mutuelle.
La Chine a jusqu'à présent évité une confrontation directe avec les Etats-Unis au Proche-Orient. Le pays exportateur craint surtout l'effondrement de son commerce s'il devait lui-même s'engager dans une guerre. «Pékin coopère certes ponctuellement avec l'Iran, mais se concentre militairement sur Taïwan», explique Marcel Berni.
Et puis il y a Kim Jong Un. Le dictateur nord-coréen pourrait éventuellement prêter main forte à l'Iran en lui fournissant des missiles. Un soutien militaire direct est toutefois peu probable, car la Corée du Nord ne possède pas de capacités pour une guerre à distance.
Marcel Berni conclut: «L’Iran est pour l’instant seul face à ses ennemis, avec pour seul levier son réseau affaibli de forces asymétriques et de milices alliées.»