Pas d'élections en vue
L'opposition échoue à dissoudre le Parlement israélien

Le gouvernement israélien survit à une motion de dissolution, gagnant par 61 voix contre 53. L'enjeu de la conscription des ultra-orthodoxes reste au cœur des tensions politiques, alors qu'Israël poursuit sa guerre contre le Hamas à Gaza.
Publié: 12.06.2025 à 04:50 heures
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En Israël, l'opposition devra attendre six mois pour retenter de dissoudre la Knesset.
Photo: imago/UPI Photo
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AFP Agence France-Presse

Le Parlement israélien a rejeté jeudi matin à une courte majorité un projet de loi présenté par l'opposition visant à sa dissolution, ce qui aurait pu mener à des élections anticipées. Au total, 61 députés sur les 120 que compte la Knesset ont voté contre le texte, et 53 pour, en lecture préliminaire.

L'ensemble des partis d'opposition avaient présenté le projet alors que la majorité apparaissait désunie sur l'épineuse question de la conscription des juifs ultra-orthodoxes. Ceux-ci bénéficient depuis des décennies d'une exemption de plus en plus mal acceptée par la société israélienne, alors que le pays est en guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza depuis l'attaque lancée par le mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

Six mois avant une nouvelle tentative

L'opposition espérait faire tomber le gouvernement, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, en ralliant les partis ultra-orthodoxes alliés du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et qui avaient menacé de le lâcher. Après cet échec, l'opposition devra attendre six mois pour retenter de dissoudre la Knesset.

Benjamin Netanyahu doit composer avec une frange de son parti, le Likoud (droite), qui pousse pour une loi visant à enrôler plus d'ultra-orthodoxes et à durcir les sanctions contre les insoumis, véritable casus belli pour les partis qui représentent les «harédim» ("ceux qui craignent Dieu» en hébreu) et exigent, eux, une loi garantissant durablement leur affranchissement des obligations militaires.

Les deux formations ultra-orthodoxes de la majorité, Shass (séfarades) et Judaïsme unifié de la Torah (JUT, ashkénazes), avaient déclaré publiquement qu'ils soutiendraient une dissolution. Mais, selon certains observateurs, le chef du Shass, Aryeh Deri, négociait dans le même temps un compromis en coulisses.

Pas d'élections en temps de guerre

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich (extrême droite), avait déclaré lors de la session plénière de la Knesset que faire tomber le gouvernement en temps de guerre constituerait un «danger existentiel» pour Israël. «L'histoire ne pardonnera pas à quiconque entraînera l'Etat d'Israël dans des élections en temps de guerre», avait-il dit. Il avait aussi lancé un appel aux «frères ultra-orthodoxes» à servir dans l'armée. C'est «un besoin existentiel, national et sécuritaire» qui doit être accompli «tout en préservant le gouvernement», a-t-il ajouté.

Formé en décembre 2022, le gouvernement de Benjamin Netanyahu tient grâce à une alliance entre son parti, le Likoud, des formations d'extrême droite, et des partis juifs ultraorthodoxes, dont le départ en bloc signifierait la fin du gouvernement.

Selon un sondage publié dans le quotidien de droite Israël Hayom en mars, 85% des juifs israéliens soutiennent un changement dans la loi sur la conscription des harédim dont 41% en faveur d'une loi rendant effectivement obligatoire le service militaire (32 mois pour les hommes) pour tous ceux en âge de le faire.

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