Les procureurs au procès du magnat du hip-hop P. Diddy ont interrogé lundi plusieurs témoins de ses violences présumées, après une semaine marquée par le témoignage choc de son ex-compagne, la chanteuse Cassie, au cœur des accusations de trafic sexuel contre le rappeur et producteur.
La semaine dernière avait été consacrée quasi entièrement au témoignage de son ex-compagne, la chanteuse Cassie. Elle a longuement détaillé les «freak-offs» au centre des accusations, des marathons sexuels où elle devait livrer son corps, sous l'emprise de drogues, à d'autres hommes rémunérés, pour satisfaire les désirs de Diddy, qui la filmait. Mais la défense a tenté de démontrer qu'elle y prenait part volontairement.
Des images inédites
Des clichés troublants ont été rendus publics pour la première fois. Ces images visent à illustrer la violence extrême et la nature dérangeante des abus sexuels et physiques dont le magnat du rap est accusé.
Sur certaines photos, on voit des ecchymoses marquées sur les jambes et le dos de Cassie. Une autre montre une profonde plaie ouverte au-dessus de son œil. Un couteau figure également parmi les pièces à conviction: Cassie aurait utilisé cette arme pour barricader sa porte et se protéger des visites surprises de Diddy. Elle a déclaré devant le tribunal qu'elle gardait ce couteau chez elle pour assurer sa sécurité.
L'ancienne meilleure amie de Cassie, Kerry Morgan, qu'elle avait rencontrée alors qu'elles débutaient ensemble comme modèles, a décrit des abus physiques et psychologiques présumés de P. Diddy. «Elle (Cassie) avait complètement perdu confiance en elle (...). Elle avait perdu l'étincelle. Elle n'était plus la même Cassie», a témoigné Kerry Morgan, 39 ans, au tribunal de Manhattan.
Lors d'un incident à Los Angeles, Kerry Morgan avait exhorté en vain un des gardes de sécurité de P. Diddy de «faire quelque chose» pour l'empêcher de frapper Cassie, a-t-elle raconté aux jurés. Selon elle, Cassie était en fait isolée car l'entourage de P. Diddy, star du rap dont la fortune avoisinait les 700 millions de dollars selon le magazine Forbes, était constitué de ses employés et de ses associés.
Pression et crainte
«Vous pouviez voir qu'ils (l'entourage) cherchaient à la convaincre que tout était OK», a ajouté Kerry Morgan, en revenant notamment sur l'incident de 2016 dans une chambre de l'hôtel InterContinental de Los Angeles. Cassie avait été violemment battue par P. Diddy, une scène captée par des caméras de vidéo surveillance, diffusée en 2024 par la chaîne CNN, puis la semaine dernière au procès. On y voit P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, la traîner au sol et la rouer de coups.
Kerry Morgan, qui résidait alors chez Cassie, a affirmé que P. Diddy s'est ensuite rendu sur place et s'était mis à frapper à la porte avec un marteau à la main. «Je pense qu'elle se souciait qu'il entre et qu'il la tue», a témoigné Kerry Morgan, affirmant aux jurés qu'elle avait alors recommandé à Cassie de quitter P. Diddy ou, du moins, d'appeler la police.
Mais la chanteuse, dont la star du hip-hop était le producteur, lui aurait répondu «qu'elle ne pouvait pas» car P. Diddy «contrôlait tout» et qu'elle risquait ainsi de perdre son «travail, sa voiture, son appartement». «Elle aurait perdu tous ses moyens de subsistance.»
Dawn Richard témoigne des violences
Lundi aussi, Dawn Richard, chanteuse du Danity Kane, produit par P. Diddy et dont la chanson «Show Stopper» s'était hissée dans le top 10 du Billboard en 2006, a témoigné de violences subies par Cassie. Devant les jurés, elle a dit avoir vu à une occasion P. Diddy essayer de frapper son ex-petite amie avec une poêle. Cassie s'était recroquevillée sur le plancher de la cuisine, mais le rappeur l'avait, selon Dawn Richard, frappée au sol.
L'ex-chanteuse du groupe Danity Kane a fait état de deux autres accès de rage du chanteur, dont une fois dans un restaurant de Los Angeles où P. Diddy aurait donné un coup de poing dans le ventre de Cassie.
Dans le contre-interrogatoire, une avocate du rappeur a tenté de jeter le discrédit sur Dawn Richard, qui poursuit d'ailleurs au civil P. Diddy pour abus sexuel, en prétendant que sa version des faits avait évolué entre sa déposition initiale et son témoignage. Dawn Richard a reconnu que ses déclarations avaient évolué au fil du temps en disant qu'elle avait cherché au début à oublier ces «années difficiles»: «mais chaque jour qui passe, il m'apparaît plus facile de me souvenir.»