Filtres de coiffure loufoques, vidéos de danse virales et propagande politique: TikTok est une application extrêmement populaire. En Suisse, elle compte plus de 3 millions d'utilisateurs, selon les estimations de l'agence de publicité Kaltes Wasser – dont près d'un million de jeunes de moins de 18 ans. Le portail vidéo à succès appartient au groupe chinois Bytedance.
Dernièrement, TikTok a été impliqué dans différentes controverses. Et aux Etats-Unis, une décision importante concernant son avenir est imminente. Blick explique pourquoi cette plateforme de divertissement est devenue très importante sur le plan politique. Et pourquoi Donald Trump pourrait être le sauveur de l'application.
«Que de la saleté et des excréments»
L'Albanie compte bientôt bloquer complètement l'accès à TikTok pour une durée d'au moins une année. C'est ce qu'a annoncé samedi le Premier ministre Edi Rama. «Il n'y a que de la saleté et de la boue», a déclaré le social-démocrate en parlant de l'application.
Cette décision fait suite à une attaque au couteau: il y a près d'un mois, un élève de 14 ans a été tué après que deux groupes de jeunes se sont affrontés sur TikTok avant de se rencontrer pour une bagarre.
«Les démocraties doivent être protégées»
En Roumanie, pays membre de l'UE, de graves accusations sont portées contre TikTok après la victoire du candidat prorusse Calin Georgescu au premier tour des élections présidentielles. L'élection a été annulée. Le parquet enquête désormais sur la campagne électorale et le financement de Calin Georgescu.
La Commission européenne a également ouvert une procédure à ce sujet. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a expliqué qu'il existait des indices sérieux selon lesquels des acteurs étrangers – notamment la Russie – s'étaient immiscés en Roumanie avec l'aide de TikTok: «Chaque fois que nous soupçonnons une telle ingérence, en particulier lors d'élections, nous devons agir rapidement et avec détermination.»
«Garder encore un peu TikTok»
Aux États-Unis, l'application vidéo devrait en principe changer de mains avant le 19 janvier 2025, soit un jour avant l'investiture de Donald Trump. La vente forcée a été décidée en avril, notamment en raison d'une possible influence de Pékin. Bytedance veut toutefois obtenir un report auprès de la Cour suprême. La cour a fixé une audience décisive ce 10 janvier.
Ce week-end, Trump s'est montré sceptique quant à une exclusion de TikTok. «Peut-être devrions-nous garder cette application encore un moment», a déclaré le républicain. Pendant la campagne électorale, ses vidéos ont été regardées des milliards de fois. Certes, Trump ne peut pas simplement abroger la loi, mais son ministre de la Justice serait responsable de son application.
L'Australie et l'Espagne pour des limites d'âge claires
La question de savoir comment les Etats démocratiques doivent traiter l'application influente de la Chine du parti unique se pose donc de façon de plus en plus pressante. Certains prennent désormais des mesures concrètes contre l'ingérence politique, l'espionnage et la surveillance.
Certes, Bytedance a récemment promis de s'améliorer en matière de protection des données. Les données des utilisateurs américains seront désormais stockées au Texas, celles des Européens en Irlande. Mais ces mesures techniques suffiront-elles à apaiser les tensions?
Par ailleurs, l'application à succès mettrait aussi directement en danger les jeunes puisqu'il existe un risque de dépressions renforcées, de dépendance ou de diffusions de contenus manipulés.
Si les utilisateurs adultes sont appelés à porter un regard critique sur leur propre consommation. Il en va autrement pour les jeunes: l'Australie et l'Espagne veulent bientôt interdire totalement l'accès aux réseaux sociaux aux moins de 16 ans.
Troubles anxieux et dépressions
Des changements drastiques sont donc envisageables. Dans l'interview de la SRF, le philosophe suisse Rolf Dobelli s'est également prononcé en faveur d'une interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 16 ans. Le psychologue américain Jonathan Haidt demande la même chose: grandir avec des smartphones entraine une forte augmentation des troubles anxieux, des dépressions et des automutilations. C'est pourquoi l'accès aux smartphones et aux réseaux sociaux ne devrait pas se faire trop tôt.
Dans la mesure où des dictatures interviennent effectivement dans la formation de l'opinion des États démocratiques via TikTok, ces derniers doivent se défendre. Mais en fin de compte, il reste aux utilisateurs adultes et aux parents une grande part de responsabilité personnelle, car le potentiel d'addiction et les contenus problématiques existent aussi chez d'autres fournisseurs.