Face à la menace chinoise
Taïwan entame ses exercices militaires annuels

Taïwan commence ses exercices «Han Kuang», testant sa préparation face à une éventuelle invasion chinoise. Ces manœuvres, les plus importantes à ce jour, incluent l'utilisation de matériel américain avancé et mobilisent un nombre record de réservistes.
Publié: 06:19 heures
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22'000 réservistes sont mobilisés pour dix jours et neuf nuits et doivent suivre un programme de formation complet de 14 jours.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Taïwan donne mercredi le coup d'envoi de ses exercices militaires annuels visant à simuler la défense de l'île contre une potentielle attaque chinoise, et où seront utilisés cette année des lance-roquettes dernier cri récemment livrés par les Etats-Unis. Ces exercices, nommés «Han Kuang», doivent avoir lieu jusqu'au 18 juillet. La Chine revendique Taïwan et n'écarte pas l'option d'une invasion armée de l'île, qu'elle soumet à une forte pression militaire, économique et diplomatique.

Chaque année depuis 1984

En plus des troupes taïwanaises, 22'000 réservistes sont mobilisés, le plus grand nombre jamais convoqué lors de ces manoeuvres, qui se déroulent chaque année depuis 1984, lorsque Taïwan vivait encore sous le joug de la loi martiale. Les manoeuvres ont été étendues à 10 jours et neuf nuits, contre cinq jours et quatre nuits l'année passée. Les réservistes, eux, doivent suivre un programme de formation complet de 14 jours.

Ces exercices permettront de «faire savoir à la communauté internationale que nous sommes déterminés à nous défendre et à indiquer à la Chine que l'armée de notre pays a la confiance et la capacité de défendre une vie libre et démocratique» a récemment déclaré Wellington Koo, le ministre taïwanais de la Défense. Des systèmes de lance-roquettes multiples HIMARS récemment livrés par les Etats-Unis seront utilisés pendant les exercices, et des exercices de tirs réels impliquant des chars M1A2 Abrams de fabrication américaine auront lieu dans un événement séparé.

Lutter contre une potentielle invasion en 2027

Les troupes devront simuler différents scénarios, dont certains relèveront du harcèlement dit «de zone grise», un concept de relations internationales désignant des tactiques hostiles, mais ne relevant pas de la guerre ouverte. Mais aussi des «frappes de précision à longue portée», afin de lutter contre une potentielle invasion chinoise en 2027, ont indiqué des représentants de la défense taïwanaise.

En 2023, William Burns, le directeur à l'époque de la CIA, avait estimé que le président chinois Xi Jinping envisageait une invasion de Taïwan d'ici à 2027. Les exercices se déroulent au moment où le président Lai Ching-te, farouche défenseur de la démocratie taïwanaise, et qualifié de «dangereux séparatiste» par Pékin, est en tournée dans toute l'île et prononce des discours destinés à «unifier le pays».

Démontrer sa capacité militaire

Pour accentuer sa pression, Pékin déploie régulièrement des avions militaires et des navires de guerre près de Taïwan. Taïwan réagit en augmentant ses dépenses de défense et en se dotant d'armes plus petites et plus agiles, notamment des drones, afin de permettre à une guerre asymétrique.

L'île est soucieuse de montrer au monde, et en particulier aux Etats-Unis, qu'elle tient réellement à renforcer ses capacités militaires. Washington, qui n'entretient pas de relations diplomatiques officielles avec Taipei, reste le plus grand allié et fournisseur d'armes de l'île.

Selon des spécialistes de la Chine chez Eurasia Group, un cabinet de conseil en évaluation des risques, Pékin «pourrait» effectuer des exercices militaires à la fin du mois. «Un exercice militaire impliquant des tirs réels ou un exercice prolongé qui dure une semaine, est probablement la réponse la plus escalatoire possible de la part de la Chine, même si cela dépendra beaucoup du contenu des discours restants de M. Lai», ont-ils déclaré dans une note récente.

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