Le Pakistan a brièvement tiré vers l'Afghanistan jeudi soir, ont rapporté des sources afghanes, malgré un cessez-le-feu qui tenait depuis mi-octobre et qui fait l'objet de nouvelles discussions en Turquie censées le rendre durable.
«Les Pakistanais ont ouvert le feu, les talibans n'ont pas riposté, pour le bien de la Nation», a indiqué dans un communiqué Ali Mohammed Haqmal, chef du département de l'Information de la province frontalière de Kandahar (sud). «Maintenant il n'y a pas plus de tirs, tout est sous contrôle», a-t-il ajouté.
Impasse dans les pourparlers
Sollicitée par l'AFP, l'armée pakistanaise n'a pas commenté ces informations dans l'immédiat. Une source militaire afghane, s'exprimant sous couvert de l'anonymat – n'ayant pas l'autorisation de s'exprimer auprès des médias – a indiqué que le Pakistan avait «utilisé des armes légères et lourdes et visé des zones civiles», mais que l'armée n'avait pas riposté «par respect pour les négociations en cours».
D'après des témoins contactés par l'AFP, les tirs ont duré 10 à 15 minutes. Ils interviennent au jour de la reprise de négociations bilatérales en Turquie, censées concrétiser une trêve approuvée le 19 octobre au Qatar, qui avait mis fin à une semaine d'affrontements meurtriers.
Les discussions étaient tombées dans une impasse la semaine dernière à Istanbul lorsqu'il s'est agi de finaliser les contours du cessez-le-feu, chacun accusant l'autre de ne pas être de bonne volonté dans ce processus. Chacun a aussi mis en garde contre une reprise des hostilités en cas d'échec.
«Application de sanctions»
Il n'était pas clair dans l'immédiat si la nouvelle rencontre à Istanbul avait débuté jeudi, chaque partie observant un mutisme complet. D'après la Turquie, qui assure la médiation avec Doha, ce nouveau rendez-vous doit permettre d'établir «un mécanisme de suivi et de vérification garantissant le maintien de la paix et l'application de sanctions à la partie qui la viole».
D'après l'ONU, 50 civils ont été tués et 447 autres blessés du côté afghan de la frontière en une semaine d'affrontements en octobre. Au moins cinq personnes sont mortes à Kaboul dans des explosions. L'armée pakistanaise a de son côté indiqué que 23 de ses soldats avaient été tués et 29 autres blessés, sans évoquer de victimes civiles.
Attaques à répétition
Au cœur des tensions bilatérales récurrentes: des questions sécuritaires, les deux pays s'accusant mutuellement de soutenir des groupes armés visant le territoire de l'autre, en traversant une longue frontière très poreuse.
Confronté à une résurgence d'attaques contre ses forces de sécurité, Islamabad veut de son voisin afghan des garanties qu'il arrêtera de soutenir ces organisations armées, en tête desquelles les talibans pakistanais (TTP), que Kaboul dément abriter.
Le gouvernement taliban veut, lui, que la souveraineté territoriale de l'Afghanistan soit respectée. Islamabad accuse aussi le gouvernement taliban d'agir avec le soutien de l'Inde, son ennemi historique, sur fond de rapprochement entre les deux pays.