«Ils n'ont aucune idée de ce que c'est que de vivre ainsi»
L'Uruguay adopte la loi «Mort digne» autorisant l'euthanasie

L'Uruguay légalise l’euthanasie dans certains cas, devenant l’un des rares pays à le faire. La loi «Mort digne» s’applique aux patients majeurs, en phase terminale, souffrant de douleurs intenables. Soutenue par 60% de la population, elle divise encore le pays.
Publié: 06:00 heures
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Beatriz Gelos, atteinte de sclérose latérale amyotrophique, dans sa chambre à la maison de retraite où elle vit, à Montevideo.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

L'Uruguay a adopté mercredi une loi sur la fin de vie qui autorise l'euthanasie dans certaines conditions, après des années de va-et-vient parlementaire. Le Sénat a approuvé la loi par une large majorité de 20 voix sur 31 parlementaires présents. La Chambre des députés avait donné le premier feu vert en août, et le Sénat, où l'union de la gauche au pouvoir dispose de la majorité, l'a définitivement validée.

Baptisée «Mort digne», la loi fait entrer l'Uruguay dans le cercle restreint des pays qui autorisent la mort médicalement assisté, parmi lesquels on trouve notamment le Canada, les Pays-Bas et l'Espagne. En Amérique latine, la Colombie a dépénalisé l'euthanasie en 1997 et l'Equateur l'a rejoint l'année dernière.

Quelques dizaines de personnes qui suivaient le débat ont interrompu les applaudissements et les embrassades après le vote en criant: «assassins!».

«Ils n'ont aucune idée de ce que c'est que de vivre ainsi»

Parmi les conditions requises, il faut être majeur, citoyen ou résident d'Uruguay, et être psychiquement apte en phase terminale d'une pathologie incurable ou provoquant des souffrances insupportables, avec une grave détérioration de la qualité de vie. Des étapes préalables seront requises avant que le patient ne formalise ses volontés par écrit.

Beatriz Gelós, 71 ans, souffrant depuis près de 20 ans de Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA), une maladie neurodégénérative qui provoque une paralysie progressive des muscles, avait estimé avant le vote auprès de l'AFP que «le moment est venu» de clore le débat dans le pays. A ceux qui s'opposent à l'euthanasie, elle dit: «Ils n'ont aucune idée de ce que c'est que de vivre ainsi» et dit souhaiter «avoir l'option» de dire stop.

Pablo Cánepa, 39 ans, autre malade emblématique de la cause, souffre d'une maladie rare et incurable qui lui provoque des spasmes calmés par des sédatifs. Lucide, il demandait à mettre fin à un calvaire qui a commencé il y a quatre ans.

«Pablo agonise depuis des années», a déclaré son frère, Eduardo Cánepa à l'AFP. «Pablo ne vit pas. Ce qu'il a, ce n'est pas une vie», a renchérit sa mère, Monica. Plus de 60% des Uruguayens sont favorables à la légalisation de l'euthanasie et seulement 24% s'y opposent, selon un sondage présenté en mai par l'entreprise de sondages d'opinion Cifra.

Les larmes de l'Eglise catholique

Le Collège Médical n'a pas pris de position officielle sur le sujet mais a fait office de conseil tout au long du processus législatif «afin d'assurer les garanties maximales pour les patients et les médecins», a dit à l'AFP son président Alvaro Niggemeyer.

L'Eglise catholique a exprimé sa «tristesse» après le vote à la Chambre des députés, la résistance au projet ayant dépassé les sphères religieuses. Plus d'une dizaine d'associations avaient rejeté la rédaction du projet, qualifiée de «déficiente et dangereuse».

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