Les Russes progressent dangereusement
Les Russes vont bientôt faire tomber Avdiïvka... et l'est de l'Ukraine

Avdiïvka est sur le point de devenir le nouveau Bakhmout. Les troupes russes progressent lentement, mais inexorablement, sur le front est. Les Ukrainiens n'auront bientôt plus d'autre choix que de se retirer.
Publié: 12.02.2024 à 06:11 heures
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Dernière mise à jour: 12.02.2024 à 08:14 heures
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Les soldats ukrainiens se battent avec acharnement contre les troupes russes à Avdiïvka.
Photo: keystone-sda.ch
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Chiara Schlenz

Les soldats ukrainiens sur place, les officiers et les experts internationaux qualifient la situation à Avdiïvka de «critique et chaotique». Avdiïvka est une ville ukrainienne située au nord-ouest de Donetsk. À Kiev, on la qualifie plus modérément de «difficile». La ville – ou ce qu'il en reste – est encore sous contrôle ukrainien, mais on ne sait pas combien de temps les troupes ukrainiennes parviendront encore à s'imposer face à l'armée russe.

Ces derniers jours, «Deep State» – un groupe d'analyse ukrainien – a constaté une série de réussites dans l'avancée russe aux alentours d'Avdiïvka. L'armée russe contrôle déjà notamment une partie du réseau ferroviaire autour de la ville. Les analystes estiment que ce n'est plus qu'une question de temps avant que les troupes russes ne coupent les principales voies d'approvisionnement de la ville. Étant donné qu'environ 1000 civils se trouvent encore dans la ville, un tel acte serait catastrophique.

Contrôler Avdiïvka signifie contrôler de facto l'est de l'Ukraine

Au-delà de la situation des civils, la perte d'Avdiïvka serait aussi stratégiquement très dommageable pour l'Ukraine. Cette ville est en effet pour la Russie un objectif clé afin de reprendre le contrôle total des deux provinces orientales du Donbass – Lougansk et Donetsk. D'ailleurs, Avdiïvka est considérée comme la porte d'entrée de la ville de Donetsk, puisqu'elle se situe à seulement 15 kilomètres d'elle.

Mais l'enjeu pour l'Ukraine va même plus loin selon l'expert de l'Ukraine Nico Lange. Sur X il explique qu'«avec des attaques réussies jusqu'à Koupiansk, la Russie inverserait les succès de la contre-offensive ukrainienne de 2022 et pénétrerait également à nouveau dans l'oblast de Kharkiv, bien que seuls les quatre oblasts théoriquement annexés sont censés être défendus».

En bref: celui qui contrôle Avdiïvka contrôle – au moins symboliquement – l'est de l'Ukraine. Pour les deux parties au conflit, cela semble donc justifier tout le sang versé. Un membre de la 47e brigade mécanisée séparée d'Ukraine à «Radio Liberty» s'est exprimé au sujet de l'offensive d'Avdiïvka: «Chaque jour, il y a de nouveaux combats, peu importe la météo, peu importe tout – y compris des pertes. Ils marchent littéralement sur des cadavres – les cadavres de leur propre peuple.»

Avdiïvka sera-t-elle la nouvelle Bakhmout?

Avdiïvka a récemment acquis autant d'importance symbolique que Bakhmout il y a environ un an. Au cours de la bataille épuisante de neuf mois pour cette ville de l'est du pays, l'Ukraine avait sacrifié certains de ses combattants les plus compétents face aux attaques implacables des assaillants russes. Pour finir, les Russes avaient toutefois surpassé les Ukrainiens en nombre et les ont contraints à se retirer.

Il existe toutefois des différences significatives entre le déroulement de la bataille d'Avdiïvka et les événements passés de Bakhmout. C'est du moins ce qu'affirme un officier ukrainien de haut rang anonyme à «Politico»: à Bakhmout, les Russes avaient fait appel à d'anciens prisonniers mal formés et à des mercenaires du groupe Wagner. Mais depuis, l'armée russe semble s'être rétablie en termes de personnel grâce à ses campagnes de recrutement. À Avdiïvka, l'officier explique que la Russie travaille désormais avec des soldats professionnels «bien reposés et bien formés».

Pour l'Ukraine en revanche, les choses se présentent mal, en particulier parce que le personnel militaire fait défaut. En effet, le gouvernement ukrainien n'est pas en mesure d'adopter une loi de mobilisation qui pourrait relever l'âge de la conscription. Pour compliquer encore les choses, l'épreuve de force politique à Washington concernant le paquet d'aide à l'Ukraine entraîne des pénuries massives d'équipements et de munitions.

La combinaison de ces facteurs permet aux Russes d'ouvrir des brèches sanglantes, mètre après mètre, dans la ligne de front âprement disputée. Nico Lange en conclut: «La situation sur le front à l'est est la plus mauvaise pour l'Ukraine depuis la phase critique entre avril et juin 2022.»

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