Près d'un demi-million d'enfants risquent de mourir de faim en Somalie, s'est alarmée lundi l'ONG Care, alors que les financements internationaux manquent pour faire face à la situation.
La Somalie, l'une des pays les plus vulnérables au changement climatique, est aussi en proie depuis des années à une rébellion des shebab, groupe armé lié à Al-Qaïda.
Ceux-ci ont multiplié les attaques ces derniers mois, générant d'innombrables déplacés internes dans le pays, où la situation humanitaire s'aggrave.
Quelque «4,6 millions de personnes (sur une population totale d'environ 18 millions, NDLR) souffriront de la faim d'ici juin, et le nombre d'enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition sévère s'élève à 1,8 million - une augmentation vertigineuse en quelques mois seulement», a dénoncé Care dans un communiqué.
Danger de mort imminente
Parmi ceux-ci, «479'000 enfants sont désormais en danger de mort imminente sans une intervention urgente», a poursuivi cette organisation, qui déplore que les programmes d'alimentation et de nutrition soient pourtant «contraints de réduire leurs activités en raison d'un dangereux manque de financement».
«Chaque jour, nous entendons parler d'innombrables tragédies humaines dans les centres que nous gérons», a déploré Ummy Dubow, directrice de Care Somalie.
«Les femmes enceintes sacrifient leur alimentation, les mères voient leurs enfants dépérir et les jeunes filles sont retirées de l'école pour aider les familles à survivre», a-t-elle encore raconté. «Sans une aide urgente, des vies seront perdues.»
Le plan onusien pour la Somalie cette année n'est pour l'instant financé qu'à 11%, soit 203 millions sur 1,4 milliard de dollars requis, selon l'ONU, alors que l'administration Trump aux Etats-Unis, historiquement le premier bailleur du monde, a annoncé supprimer 83% de leur aide humanitaire mondiale.
Explosion de la violence en parallèle
L'ONU faisait état en mai 2024 de 3,9 millions de déplacés internes, notamment dans le centre du pays, autour de la capitale Mogadiscio, où les hostilités ont fortement augmenté ces derniers mois.
Des shebab ont tiré début avril plusieurs obus de mortier près de l'aéroport de Mogadiscio, quelques semaines après avoir revendiqué l'explosion d'une bombe artisanale qui a failli frapper le convoi du président Hassan Cheikh Mohamoud.
Ces percées inquiètent d'autant plus que le soutien militaire des États-Unis et de l'Union africaine (UA) au pays instable de la Corne de l'Afrique semble se fragiliser.