Certains noms tabous
Le nouveau pape a choisi Léon… et ce n’est pas un hasard

Pourquoi les papes s’appellent-ils Jean, Léon ou François? Entre hommages, ruptures symboliques et prophéties apocalyptiques, le choix d’un nom de règne n’a rien d’anodin.
Publié: 09.05.2025 à 08:50 heures
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Dernière mise à jour: 09.05.2025 à 19:28 heures
Le cardinal Robert Prévost a décidé le nom Léon pour son pontificat. Un choix qui ne doit rien au hasard.
Photo: Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

Lorsque le cardinal Robert Francis Prevost est apparu au balcon de la basilique Saint-Pierre, jeudi 8 mai, il a été présenté sous le nom de Léon XIV. Un détail loin d’être anodin: ce choix symbolique donne déjà un aperçu de la tonalité que pourrait prendre son pontificat. Le changement de nom, une tradition millénaire, s’inscrit dans une mise en scène précise, lourde de sens.

Dès son élection, le doyen du Collège des cardinaux pose la question rituelle, en latin: «De quel nom voulez-vous être appelé?» Le nom choisi est ensuite proclamé solennellement à la foule par le cardinal protodiacre — cette année, le Corse Dominique Mamberti, rapporte franceinfo.

Derrière ce choix se cache toujours une intention: rendre hommage à un prédécesseur, affirmer une continuité ou, au contraire, signifier une rupture. Certains noms sont populaires, d’autres lourdement chargés d’histoire. Alors, quel message souhaite envoyer le 267e pape en optant pour Léon XIV?

Léon, figures de réforme

Les preneurs de paris misaient sur Léon et ils ont vu juste. Le nom évoque des papes réformateurs, notamment Léon XIII, élu en 1878, dont une encyclique pionnière – une lettre adressée à l'Eglise catholique – défendait la dignité humaine et des travailleurs, détaille le «Washington Post».

Mais le clin d’œil pourrait aussi aller à Léon Ier, surnommé le «pape des temps troublés», qui avait affronté l’effondrement de l’Empire romain. Le choix de Léon XIV serait-il un geste symbolique face aux visions plus conservatrices d’un Donald Trump, figure puissante de l’Occident? Lui seul le sait.

Avant lui, François, alias Jorge Mario Bergoglio, avait surpris en 2013. Il était le premier à choisir ce nom en référence à Saint François d’Assise, défenseur des pauvres et de la paix. En 2005, Benoît XVI avait expliqué son choix par un hommage à Benoît XV, pape durant la Première Guerre mondiale. Jean-Paul II, lui, s’inscrivait dans la continuité directe de son prédécesseur Jean-Paul Ier, décédé après seulement 33 jours de règne.

Jean, toujours en tête

Avec 21 papes appelés Jean (23 si l’on compte les Jean-Paul), ce prénom reste le plus utilisé de l’histoire pontificale. Il est suivi par Grégoire et de près par Benoît. Et depuis hier, Léon et Clément sont à égalité avec 14 papes chacun ayant portés ces noms.

Nom Nombre de pape
Jean21
Grégoire16
Benoît15
Léon14
Clément14
Innocent13
Pie12
Etienne9
Boniface8
Alexandre7

Mais la numérotation des papes a parfois été perturbée par l’histoire mouvementée de l’Eglise. En cause, les antipapes, des hommes ayant revendiqué illégitimement le trône pontifical. Leur existence a faussé la chronologie. Par exemple, il y a huit papes appelés Boniface, mais pas de Boniface VII, car un antipape a usurpé ce nom.

Des noms tabous

Certains noms ont été délaissés à cause de leur connotation négative. C'est le cas de Pie XII, critiqué pour son silence durant l'Holocauste. Grégoire VII a été soupçonné de nécromancie, pratique occulte visant à invoquer les morts, associée à la magie noire et considérée comme hérétique par l’Eglise. Quant à Alexandre VI, il reste associé aux excès et à la corruption des Borgia.

Et puis, il y a un nom que personne n’a osé reprendre: Pierre II. Par respect pour Saint Pierre, premier pape de l’Eglise… mais aussi à cause d’une prophétie redoutée. L'avènement du second Pierre marquerait la destruction de Rome et déclencherait l'Apocalypse. 

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