Il reste toutefois en prison
La star du hip hop P. Diddy acquittée de trafic sexuel et d'association de malfaiteurs

Le rappeur P. Diddy a été acquitté mercredi de trafic sexuel et d'association de malfaiteurs, les accusations les plus graves, mais reconnu coupable de transport de personnes à des fins de prostitution. Sa demande de libération conditionnelle a toutefois été rejetée.
Publié: 02.07.2025 à 16:35 heures
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Dernière mise à jour: 01:46 heures
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Le procès de P. Diddy a été très médiatisé.
Photo: KEYSTONE
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AFP Agence France-Presse

Le magnat du hip-hop P. Diddy a été acquitté mercredi de trafic sexuel et d'association de malfaiteurs, les accusations les plus importantes portées contre lui. Il a toutefois été reconnu coupable de transport de personnes à des fins de prostitution à l'issue d'un procès hypermédiatisé à New York.

Dans l'attente du prononcé de sa peine pour ce chef d'accusation, passible de 20 ans de prison, ses avocats avaient demandé sa libération conditionnelle. Le juge Arun Subramanian l'a refusée en rappelant l'historique de «violence» et de «mépris de la loi» de l'artiste.

Plus tôt mercredi, Sean Combs, de son vrai nom, avait été acquitté par les 12 jurés du chef d'association de malfaiteurs – un crime passible de la prison à vie – ainsi que du trafic sexuel. «Aujourd'hui est un grand jour, aujourd'hui est une victoire, aujourd'hui est la victoire de toutes les victoires pour Sean Combs et notre équipe juridique», a déclaré en soirée l'avocat Marc Agnifilo, promettant de poursuivre la «bataille» jusqu'à sa libération.

Le «courage exemplaire» de la chanteuse Cassie

Le verdict met un terme à des semaines de débats, émaillés de témoignages parfois difficiles à entendre et de plaidoiries musclées. Le producteur était accusé d'avoir forcé des femmes à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués, et d'avoir institué un réseau criminel baptisé «freak-offs» pour organiser ces séances. Après l'annonce, il a levé les yeux au ciel et joint les mains comme s'il priait en direction du juge et du jury, signe de remerciement et de soulagement.

Agé de 55 ans, il aurait notamment contraint son ex-petite amie Cassie, avec laquelle il est resté de 2007 à 2018, et une autre compagne témoignant sous le pseudonyme «Jane», à participer à ces marathons pendant qu'il se masturbait ou filmait. En 2023, Cassie a porté plainte au civil pour un viol remontant à 2018 et l'a accusé d'un «comportement violent» et «déviant» sur une décennie, incluant des relations imposées avec des hommes prostitués. 

L'affaire s'est réglée «à l'amiable» en 24 heures selon un accord confidentiel, mais elle a déclenché d'autres plaintes ayant débouché sur le procès pénal. «En témoignant de son expérience, Cassie a laissé une empreinte indélébile sur l'industrie du divertissement et sur la lutte pour la justice» et a fait preuve d'un «courage exemplaire» et d'une «force incontestable», a salué son avocat Douglas H. Wigdor dans une déclaration transmise à l'AFP. 

Témoins discrédités par la défense

Il a estimé que l'affaire montrait qu'un changement attendu «depuis longtemps» est nécessaire et qu'il continuerait à se battre pour les survivantes de crimes sexuels, appelant à la fin du «fléau» qui touche non seulement les milieux de pouvoir mais la société entière. «Traduire en justice les auteurs de crimes sexuels exige que les victimes courageuses se manifestent et racontent leurs histoires déchirantes.», a commenté le procureur Jay Clayton, dont l'équipe menait l'accusation contre P. Diddy.

Et de poursuivre: «Nous et nos partenaires des forces de l'ordre reconnaissons les difficultés endurées par les victimes». Durant le procès, les avocats de P. Diddy ont tenté de discréditer les témoins, notamment Cassie, arguant que leur client menait un mode de vie «polyamoureux» qui ne relève pas du droit pénal. Cassie et Jane ont reconnu que leur relation comportait de l'amour, mais ont expliqué qu'elles étaient soumises à des menaces pesant sur leur réputation, leur situation financière et leur sécurité physique.

Diddy se sentait «intouchable»

Les jurés ont visionné des vidéos de ces marathons sexuels ainsi que des images de vidéosurveillance d'un hôtel de Los Angeles montrant le producteur traînant Cassie au sol et la rouant de coups. «(P. Diddy) avait tellement dépassé les limites qu'il ne pouvait même plus les voir», avait plaidé la procureure Maurene Comey, ajoutant que le rappeur se sentait «intouchable». «Mais l'accusé n'est pas Dieu», avait-elle insisté, réclamant une condamnation sur tous les chefs d'accusation.

Après le verdict, Maurene Comey a de nouveau demandé une «longue» peine de prison. Le juge Arun Subramanian tiendra une audience en ligne le 8 juillet pour fixer la date du prononcé de la sentence.

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