Pandémie oblige, les chefs d'Etat et de gouvernement se sont salués d'un coup de coude et se sont tenus à distance pour la traditionnelle photo de famille, sur la plage de la station balnéaire anglaise de Carbis Bay, en Cornouailles. Cette rencontre, la première en personne en presque deux ans, permet le retour des réunions de travail mais aussi les discrets apartés pour avancer sur les crises du moment.
«C'est une rencontre qu'il faut vraiment tenir parce que nous devons nous assurer de tirer les leçons de la pandémie et de ne pas répéter certaines erreurs», a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson. Il a salué une «occasion extraordinaire» pour les grandes puissances de «tirer les leçons de la pandémie» et de «reconstruire en mieux», de manière «plus verte» et «plus juste», a-t-il ajouté.
Le «retour» des Etats-Unis
Joe Biden avait déjà donné le ton, signalant que le sommet marquait le «retour» des Etats-Unis sur la scène internationale après les années isolationnistes de Donald Trump. «J'ai hâte de renforcer notre engagement envers le multilatéralisme et de travailler avec nos alliés et partenaires pour bâtir une économie mondiale plus juste et inclusive. Au travail», a déclaré sur Twitter le président américain.
Il cherche à rallier un front uni parmi ses partenaires face à la Russie et la Chine, qui a déjà critiqué la volonté américaine de former des «cliques».
Un milliard de vaccins
Après la table ronde et un engagement en faveur de la scolarisation des filles, et avant de déguster entre eux gaspacho, turbot rôti et pavlova aux fraises britanniques, les dirigeants du club des riches devaient se retrouver autour de la reine Elizabeth II et du prince héritier Charles pour une réception à l'Eden Project, immenses serres en Cornouailles vitrines de la diversité végétale de la planète.
Au programme officiel figurent la reprise d'une économie mondiale laminée par la pandémie et le partage plus équitable des vaccins anti-Covid par les pays riches, qui ont accaparé un maximum de doses au détriment des plus pauvres.
Face à la multiplication des appels à la solidarité, les dirigeants devraient s'accorder pour fournir «au moins un milliard de doses» avec l'objectif de «mettre fin à la pandémie en 2022», selon Downing Street. Les Etats-Unis ont d'ores et déjà promis de donner 500 millions de doses, et les Britanniques 100 millions, principalement via le dispositif de partage Covax.
Insuffisant, déplorent des ONG comme Oxfam, soulignant qu'au moins 11 milliards de doses sont nécessaires pour éradiquer la pandémie qui a déjà fait 3,7 millions de morts dans le monde. Elles plaident pour la suspension des brevets sur les vaccins afin de permettre une production de masse.
Défi chinois
La lutte contre le réchauffement climatique sera l'autre priorité du sommet, qui se veut neutre en carbone, avant la grande conférence de l'ONU sur le climat (COP26) prévue en novembre en Ecosse. Le Premier ministre Boris Johnson ambitionne une «révolution industrielle verte», avec en point de mire l'objectif de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.
Pour préserver la biodiversité, il souhaite que le G7 s'engage à protéger «au moins 30%» des terres et océans à cette échéance. Le club de sept devrait également favoriser les investissements dans les infrastructures vertes dans les pays en développement pour stimuler et décarboner leur économie.
Ombre irlandaise
Avant le lancement du sommet, Boris Johnson et Joe Biden avaient affiché jeudi un front uni sur l'urgence climatique, approuvant une nouvelle «Charte de l'Atlantique» célébrant l'alliance historique entre leurs pays. Ils avaient mis de côté en public les crispations sur l'Irlande du Nord, au coeur d'un différend post-Brexit entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
Les dirigeants européens, eux, comptent bien rappeler à Boris Johnson leur attachement aux accords signés, que Londres veut remettre en cause face à la colère dans la province britannique. Selon la police locale, 3000 personnes ont manifesté jeudi soir à Belfast contre les nouvelles dispositions post-Brexit.