Thierry Ardisson tente de désamorcer la polémique. Dimanche 11 mai, l’animateur et producteur a présenté des excuses après le tollé suscité par ses propos, un jour avant, dans l’émission «Quelle Époque» sur France 2. Il a demandé «pardon» à ses «amis juifs» après avoir comparé la situation à Gaza à celle d’Auschwitz.
La réaction des organisations juives a été immédiate. La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) ont dénoncé ses propos, expliquant que «Gaza n’est pas Auschwitz».
«C'est comme à Auschwitz»
Tout a débuté lorsque Thierry Ardisson a réagi au témoignage poignant du médecin Raphaël Pitti, venu alerter sur la crise humanitaire dans l’enclave palestinienne. «Ces enfants totalement dénutris, ce sont des images inacceptables, c’est ce qu’on a vu pendant la dernière guerre, dans les camps de concentration!», s’était insurgé le médecin.
Interpellé par Léa Salamé, Thierry Ardisson avait alors réagi: «Oui je pense que vous avez raison quand vous dites que c’est comme à Auschwitz. C’est tout ce qu'il y a à dire.» Avant d’ajouter: «On nous dira 'mais vous saviez', c’est ça qui est fou», en évoquant la situation à Gaza.
La Licra et le Crif fulminent
Ces déclarations ont provoqué la colère du président du Crif, Yonathan Arfi, qui a dénoncé sur X: «La mémoire de la Shoah n'est jamais autant convoquée dans le débat public que par ceux qui veulent la retourner contre les Juifs.»
Il a poursuivi: «Aucune critique d’Israël ne justifie de le nazifier. Aussi tragique soit malheureusement la situation des populations civiles palestiniennes, jetées dans la guerre par le Hamas, il n’y a pas – et heureusement! – d’extermination.»
La Licra a, elle aussi, fermement condamné les propos, fustigeant une «banalisation des comparaisons outrancières et le confusionnisme ambiant». Et de rappeler: «Le nazisme et la Shoah ne sont pas l’alpha et l’oméga de toutes les crises nationales et internationales.»
Thierry Ardisson demande pardon
Face à la tempête, Thierry Ardisson a tenté de rectifier le tir. Dans un communiqué transmis à l’AFP, il a reconnu: «L’émotion était sans doute trop forte et mon propos exagéré. Je prie mes amis juifs de bien vouloir me pardonner.» Il a aussi rappelé avoir toujours combattu l’antisémitisme publiquement.
De son côté, l’équipe de «Quelle Époque» a exprimé sa «compréhension devant les réactions et l’indignation suscitées» et a rappelé l’engagement de l’émission: «Quelle Époque a consacré de nombreuses émissions aux massacres du 7 octobre, à la montée de l’antisémitisme et à la Shoah. Et nous tenons à réaffirmer qu’en aucune manière la Shoah ne saurait être banalisée.»
Pénurie de nourriture à Gaza
Le contexte n'en reste pas moins tragique. Depuis le 2 mars, Israël bloque l'entrée de toute aide humanitaire à Gaza où vivent 2,4 millions d'habitants. Depuis des semaines, des responsables de l'ONU et d'ONG multiplient les avertissements sur la pénurie de nourriture, de médicaments et de carburant dans le territoire palestinien assiégé.
En guerre contre le Hamas depuis l'attaque perpétrée par le mouvement islamiste palestinien, le 7 octobre 2023, Israël nie toute crise humanitaire à Gaza. L'Etat hébreux affirme que ce blocus vise à contrainte le Hamas à libérer les otages qui y sont toujours retenus.