A quoi peut-on s’attendre maintenant au Proche-Orient, et plus généralement dans le monde à l’aube d’une intervention terrestre de l’armée israélienne à Gaza? Il faut l’admettre: tous les scénarios sont sombres. Y compris pour l’économie mondiale. Le point en cinq risques majeurs.
Après le terrorisme, le carnage
C’est le scénario que tous les experts redoutent dans la bande de Gaza où l’armée israélienne est sur le point d’intervenir, avec pour objectif l’éradication du Hamas palestinien. Pourquoi carnage? Parce que la densité de population dans la bande de Gaza, et l’impossibilité pour celle-ci d’évacuer ce territoire tant que les frontières sont fermées, va inévitablement entraîner des pertes importantes au sein de la population civile. De quoi raviver la colère dans les pays arabes, et alimenter la propagande du Hamas.
Ce qui peut l’éviter? Une ouverture de la frontière avec l’Égypte et le respect de «couloirs humanitaires». Et encore…
L’ouverture d’un second front
Sur le plan militaire, c’est le risque n°1 pour l’État hébreu. Peut-on imaginer que le Hamas ait lancé son assaut terroriste du 7 octobre sur Israël sans avoir prévu la suite, à savoir une riposte massive de Tsahal? La réponse est non. D’où la question: le Hamas a-t-il prévu d’autres attaques terroristes? Le Hezbollah pro iranien du Liban du Sud, son allié, va-t-il à son tour intervenir? Que va-t-il se passer en Cisjordanie où l’Autorité palestinienne est toujours très contestée?
Ce qui peut l’éviter? Une forme d’accord tacite entre Israël, l’Iran et l’Autorité palestinienne pour en rester là. Ce qui paraît peu probable si Tsahal entreprend de raser Gaza.
L’embrasement au Proche-Orient
Tout dépend du Liban, de la Syrie, de l’Égypte et de la Jordanie, les quatre pays frontaliers d’Israël qui sont directement affectés par l’assaut lancé par le Hamas. On connaît la déliquescence actuelle du Liban, qui aurait tout à perdre dans une nouvelle guerre. On sait qu’en Syrie, Bachar al-Assad tient avant tout à la survie de son régime. La Jordanie et l’Égypte sont tenus, par leurs accords de paix avec Israël, de faire de l’équilibrisme. Mais dans tous ces pays, la rue arabe peut s’embraser si les images de civils tués à Gaza s’accumulent…
Ce qui peut l’éviter? Une pression internationale massive. C’est pour cela que les États-Unis tentent d’impliquer la Chine pour contenir l’incendie allumé par le Hamas.
Une guerre Iran – Israël
On ne peut pas l’exclure. Plus l’armée israélienne va pénétrer dans Gaza et déloger le Hamas, plus elle va tomber sur des preuves du soutien de l’Iran au groupe terroriste palestinien. Le cabinet de guerre toujours dirigé par Benyamin Netanyahu pourra-t-il, alors, ne pas passer à l’acte contre Téhéran? Même si ce scénario semble très improbable à court terme, il est dans toutes les têtes en raison de la course iranienne à l’arme nucléaire.
Ce qui peut l’éviter? L’Iran et ses mollahs. Le régime de Téhéran a, en quelque sorte, déjà gagné la partie avec l’assaut réussi par son allié, le Hamas. L’intérêt des Ayatollahs est maintenant que la pression retombe. Mais attention: l’Iran a menacé dimanche d’intervenir si Israël poursuit son action à Gaza...
Une guerre économique
Cette guerre-là passe par le pétrole et le gaz. Tout début d’affrontement direct entre Israël et l’Iran entraînerait la fermeture du détroit d'Ormuz, ce poumon énergétique mondial par lequel transite une grande partie des approvisionnements pétroliers de l’Europe et de l’Asie. Pas besoin de faire un dessin. Ce serait le chaos économique. On n’en est pas là. Sauf que…
Ce qui peut l’éviter? L’intérêt économique direct des pays producteurs de pétrole et de gaz, en incluant l'Iran. Le Qatar, très impliqué dans la bande de Gaza, a besoin d’exporter son gaz. L’Arabie saoudite, qui a stoppé la normalisation en cours de ses relations avec Israël, est aussi le dos au mur. Washington et Pékin sont à la manœuvre. Tandis que Vladimir Poutine, lui, ne peut que tirer les marrons du feu d’un tel chaos.