«La bataille continue, le feu n’est pas encore fixé, stabilisé», a ajouté le président français, en visite auprès des secours engagés contre le plus gros incendie de l’année dans l’Hexagone. Il a salué le «courage» des centaines de pompiers, forces de secours et élus locaux engagés dans la bataille contre les flammes.
«Le pire a été évité», l’incendie n’ayant fait aucune victime à ce stade malgré sa rapidité et sa virulence, a-t-il souligné lors de sa visite au poste de commandement des opérations dans le village du Luc (Var).
Des évacuations périlleuses
Mardi soir, la priorité des pompiers était la défense des villages et des hameaux du massif des Maures, une zone méditerranéenne boisée, a insisté le colonel Eric Grohin. «Avec les sautes de feu de 700-800 mètres, on ne peut pas grand-chose si ce n’est préserver les vies humaines et les maisons», a-t-il concédé.
Mardi soir, les gendarmes procédaient à de nouvelles évacuations «très périlleuses» de personnes résidant au nord du village de la Garde-Freinet, ont-ils indiqué.
Dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs milliers de personnes, parmi lesquels des touristes, avaient déjà été évacuées de leurs maisons ou de leurs campings pour être mises en sécurité dans des centres d’hébergement.
«C’est une course contre la montre»
Les flammes ont parcouru 6500 hectares depuis lundi selon les pompiers, qui ne peuvent encore estimer exactement la surface brûlée. Neuf avions bombardiers d’eau Canadairs tournent encore dans le ciel varois et 900 pompiers luttent à pied à pied contre les flammes.
«Il y a plein de reprises de feu dans tous les sens, la partie est loin d’être gagnée. Le vent s’est relevé, a un peu tourné, et le feu commence à toucher des zones pas encore impactées», a indiqué le capitaine des pompiers du Var Olivier Pecot.
À Gonfaron, à quelques mètres de l’aire d’autoroute A57 où a démarré l’incendie lundi, la pression ne retombait pas. Un pompier volontaire de ce village se désole: «C’est ma forêt qui brûle». «Il faut aller vite, c’est une course contre la montre. Ça part de partout, il faut courir à gauche à droite», souffle-t-il.
Une évacuation en 30 minutes
Sur la route qui traverse le massif des Maures, des lignes électriques sont au sol, des poteaux et des troncs sont calcinés et la vigne a brûlé par endroits, a constaté l’AFP.
Dans cette région réputée pour ses vins Côtes de Provence, des élus se sont montrés inquiets. La députée LREM Sereine Mauborgne a exprimé ses craintes à Emmanuel Macron: «On vendange dans dix jours, avec les produits retardants, on risque des pertes».
Une dizaine d’habitations ont aussi été «détruites» par les flammes selon les gendarmes, qui ont déployé 120 personnels dans la zone pour venir en aide à la population, mais aussi gérer les flux routiers, plusieurs axes étant coupés, ou encore surveiller les maisons abandonnées par leurs occupants.
À Bormes-les-Mimosas, sur le littoral, près de 1300 personnes, en majorité des vacanciers d’un camping voisin, ont été accueillies dans un gymnase. «On a été évacué en 30 minutes. Vraiment super bien, synchronisé, pas de panique. Tout le monde était calme. Bravo à toute l’équipe parce que vraiment, ils ont fait ce qu’il fallait pour nous évacuer», a témoigné une touriste de Haute-Savoie évacuée avec ses deux enfants.
Des tortues d’une espèce protégée brûlées vives
Les dégâts sur l’environnement sont importants: «La réserve naturelle de la plaine des Maures a été dévastée pour moitié. C’est une catastrophe, car c’est l’un des derniers spots abritant la tortue d’Hermann», une espèce protégée, a expliqué Concha Agero, directrice adjointe de l’Office français de la biodiversité.
Des tortues brûlées ont déjà été retrouvées. D’autres ont peut-être réussi à s’enfouir sous terre pour survivre.
La France avait jusqu’ici été relativement épargnée par les feux qui ont dévasté des milliers d’hectares et fait des dizaines de victimes dans plusieurs pays méditerranéens, de la Turquie à l’Algérie en passant par la Grèce. Selon la base de données Prométhée, environ 2340 hectares ont brûlé en région méditerranéenne en France en 2021, contre 7698 en 2020.
Outre l’incendie du Var, plus de 300 pompiers combattent mardi un incendie dans la région de Beaumes-de-Venise, réputée pour ses domaines viticoles.