Le président ivoirien Alassane Ouattara continue d'entretenir le suspense. Il a annoncé dimanche qu'il prendrait une décision «dans les jours qui viennent» sur une candidature à la présidentielle d'octobre, pour briguer un quatrième mandat à la tête du pays.
Sa réponse était très attendue dimanche par ses partisans lors d'un grand meeting à Abidjan, au lendemain de sa désignation par son parti comme candidat à la présidentielle. «Je prendrai dans les jours qui viennent, après mûre réflexion en mon âme et conscience, une décision», a-t-il dit, acclamé par les militants qui remplissaient les 60'000 places assises ainsi que la pelouse.
«Je ressens la force et la sincérité de votre appel, ces appels je ne peux pas les ignorer, je les ai bien entendus, et je dis avec émotion, oui je vous ai entendus», a ajouté le chef de l'Etat, âgé de 83 ans. La question agite les milieux politiques ivoiriens depuis des mois, a fortiori depuis la publication de la liste électorale début juin, qui exclut plusieurs figures de l'opposition de la course à la présidentielle.
L'opposition fulmine
Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, avait été désigné samedi candidat de son parti le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Il a par ailleurs affirmé qu'il acceptait de rester président du parti. «Nous avons fait plus que reconstruire la Côte d'Ivoire, nous avons transformé la Côte d'Ivoire, mais nous devons aller encore plus loin», a-t-il déclaré.
L'opposition, convaincue qu'il va se présenter, se dresse déjà contre une telle candidature, surtout depuis l'exclusion de ses têtes d'affiches. L'ex-président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l'ancien Premier ministre en exil Guillaume Soro sont radiés de la liste électorale pour des condamnations en justice.
L'ancien président de Credit Suisse Tidjane Thiam, leader du principal parti d'opposition, a lui aussi été écarté par la justice pour des problèmes de nationalité. Ces décisions judiciaires ont alimenté des tensions, l'opposition accusant le pouvoir de choisir ses adversaires, tandis que les autorités nient toute intervention.
La crainte de violences eléctorales
«La constitution lui interdit d'être éligible», maintenait dimanche Sébastien Dano Djedje, le président exécutif du Parti des peuples africains Côte d'Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo. «S'il choisit d'être candidat, on va contester par des moyens légaux» a-t-il dit.
La Côte d'Ivoire a connu à plusieurs reprises des violences lors de périodes électorales. Fin 2010 et début 2011, la contestation par Laurent Gbagbo de l'élection d'Alassane Ouattara s'était soldée par environ 3000 morts. Lors de la dernière présidentielle, en 2020, au moins 85 personnes ont été tuées en marge du scrutin qui avait abouti à la réélection de M. Ouattara avec plus de 94% des voix.