KKS se fait railler
Qui est cet émissaire de Trump qui ne cesse de se moquer de la Suisse?

Il mène régulièrement la vie dure à la Suisse. Le ministre américain du Commerce Howard Lutnick provoque notre pays avec des déclarations contradictoires sur les droits de douane, allant jusqu'à se moquer de Karin Keller-Suter. Mais qui est-il?
Publié: 05:58 heures
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Avant d'être élu ministre du Commerce, l'homme d'affaires new-yorkais n'avait aucune expérience politique.
Photo: AFP
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Nathalie Benn

La présidente de la Confédération Karin Keller-Suter et le ministre de l’Economie Guy Parmelin n’ont guère de raisons de sourire ces jours-ci. Depuis le choc tarifaire de 39% imposé par les Etats-Unis le jour de la Fête nationale suisse, la pression ne cesse de monter. Une question revient sans cesse: quand un accord sera-t-il enfin trouvé avec le président américain? Jusqu’ici, toutes les tentatives diplomatiques de la conseillère fédérale et du conseiller fédéral ont échoué.

Un revers amer aux lourdes conséquences pour l’économie de notre pays. Et un homme se plaît à remuer le couteau dans la plaie ouverte par Donald Trump: Howard Lutnick, ministre américain du Commerce et conseiller de la Maison Blanche. Le New-Yorkais multiplie les piques contre Berne par des déclarations énigmatiques. Tout récemment, il a raillé Karin Keller-Sutter et sa stratégie de négociation dans une interview à «News Nation». Mais qui est donc cet homme qui défie sans relâche le gouvernement suisse?

Un homme venu de Wall Street

Jusqu’à récemment, Howard Lutnick n’avait guère de lien avec la politique. Ses racines professionnelles se trouvent au même endroit que celles de Donald Trump: Wall Street. Diplômé en sciences économiques en 1983, il rejoint le groupe Cantor Fitzgerald, un prestataire new-yorkais de services financiers, où il se spécialise dans le négoce d’obligations, d’immobilier et plus tard de crypto-monnaies. En 1991, il devient président et CEO du groupe.

Howard Lutnick a occupé ce poste jusqu’à sa nomination comme ministre du Commerce en janvier 2025. Initialement pressenti pour le poste de secrétaire au Trésor, ce courtier aguerri connaît parfaitement les rouages économiques américains, mais avait peu d’expérience en matière de droits de douane internationaux.

Pas toujours un partisan de Trump

A la tête de son entreprise, Howard Lutnick a financé à la fois les républicains et les démocrates, comme beaucoup de PDG de Wall Street soucieux de garder des relais dans les deux camps. Pendant des décennies, il a cultivé cette neutralité politique, affirmant régulièrement ne pas vouloir s’aligner idéologiquement.

Mais au fil du premier mandat de Trump, Howard Lutnick s’en rapproche. Sa politique économique séduit le financier, qui loue publiquement la réforme de l’impôt sur les sociétés de 2017 et les mesures de dérégulation du secteur financier. Trump, selon lui, avait «le courage de faire ce que d’autres n’osaient pas». Une position alors minoritaire parmi les patrons de Wall Street, dont beaucoup, comme Jamie Dimon de JPMorgan ou Larry Fink de Blackrock, avaient pris leurs distances.

En 2024, le tournant est net. Howard Lutnick intervient sur les plateaux télé, dans les conférences économiques et devant les investisseurs pour défendre la politique étrangère de Trump. Sa déclaration selon laquelle «les droits de douane en valent la peine, même s’ils entraînent une récession», donnée à CBS, marque un jalon. Depuis, il est considéré comme l’un des fidèles soutiens du président. 

Un pro-israélien engagé

Le ralliement de Howard Lutnick à Trump s’explique aussi par la proximité du président avec Israël. Juif pratiquant, le ministre a souligné que «l’engagement de longue date de Trump pour la sécurité d’Israël» était l’une des principales raisons de son soutien. Son porte-parole l’a confirmé au média «Jewish Insider».

Les dons récents du Cantor Fitzgerald Relief Fund illustrent ce lien. Ce fonds a été créé après le 11 septembre 2001: Howard Lutnick y a perdu son frère et 658 collaborateurs présents dans la tour nord du World Trade Center. Il a alors assuré les soins de santé des familles endeuillées pendant dix ans et reversé un quart des bénéfices du groupe sur cinq ans. Plus de 180 millions de dollars ont ainsi été distribués aux proches des victimes.

Dernièrement, 7 millions de dollars de ce fonds ont été envoyés à Israël. «Pour soutenir ceux touchés par la guerre en Israël», a précisé Howard Lutnick dans un communiqué, après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.

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