L'art de la fraude fiscale, ça ne date pas d'hier. C'est ce que révèle un papyrus retrouvé dans le désert de Judée il y a quelques décennies et récemment décrypté par quatre archéologues et papyrologues autrichiens et israéliens. Le «New York Times» a publié leurs découvertes le lundi 14 avril, selon lesquelles ce fragment de manuscrit témoignerait de la stratégie mise en place par deux hommes pour échapper à l'impôt de l'Empire romain, il y a 1900 ans.
Fraude sophistiquée
Le document en lambeaux est en réalité le compte rendu d'un procès datant de l'an 130. Les deux accusés, Saulos et Gadalias, étaient jugés pour fraude fiscale, falsification de documents, mais aussi la vente fictive d'esclaves. Ils avaient trouvé une faille dans le système administratif qui leur permettait de falsifier les actes de vente, offrant aux esclaves leur libération, tout en évitant la taxe.
Mais l'Empire disposait d'un système particulièrement sophistiqué pour collecter les taxes et lutter contre la fraude. Et malheureusement pour les deux fraudeurs, la sanction pour évasion fiscale au IIe siècle pouvait être particulièrement sévère: amende, exil permanent, travaux forcés ou, dans le pire des cas, la damnatio ad bestias, une exécution publique où les condamnés étaient dévorés par des animaux sauvages.
Dévorés par les léopards?
Si l'on sait que le juge romain était convaincu que leur exécution s'imposait, les détails du procès restent flous. Les deux hommes étaient-ils à l'origine d'un trafic d'êtres humains? Etaient-ils au contraire des libérateurs? Quel était le verdict final? Ont-ils été dévorés par des léopards à la vue de tous? Décapités? Ces questions demeurent sans réponse, mais elles ont au moins le mérite de nous rappeler de remplir notre déclaration d'impôts.