L'Ukraine en commande 100
Avis aux Suisses: la revanche du Rafale français va faire mal

Cent exemplaires commandés par l'Ukraine! L'annonce, lundi 17 novembre, de cette commande historique démontre que l'avion français peut bel et bien rivaliser avec le F35. L'heure de la revanche a sonné.
Publié: 17:22 heures
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Dernière mise à jour: 17:31 heures
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Volodymyr Zelensky l'a confirmé ce lundi 17 novembre en France: l'Ukraine a l'intention de commander jusqu'à 100 avions Rafale.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

L’heure de la revanche du Rafale a sonné. Et elle passe par l’Ukraine. Si la lettre d’intention signée ce lundi 17 novembre à Paris par Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron se transforme en commande ferme, l’avion de chasse français rejeté par la Suisse dominera le ciel européen à l’horizon 2030.

Mauvaise nouvelle pour la Confédération qui aurait pu profiter des retombées industrielles de ces commandes: les sous-traitants de Dassault, le constructeur du Rafale, ne seront pas helvétiques. Alors que les 36 F-35 américains commandés en 2022 par Berne pourraient tarder à être livrés, et coûter plus cher que prévu au Département fédéral de la défense (DDPS), la concurrence tricolore promet de raviver de douloureux souvenirs dans le ciel suisse.

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105 Rafale dans l’armée française

Quatre Rafale sortent, chaque mois, des usines de Dassault dans la région de Bordeaux. L’armée de l’air française en aligne 105. La Croatie et la Grèce sont deux autres clients du Rafale, lequel a aussi été choisi par l’Inde, l’Indonésie ou l’Egypte. Le Portugal devrait, lui, finaliser prochainement une commande. 

Mais tous ces chantiers seront bousculés si la commande ukrainienne est confirmée, pour un montant estimé entre dix milliards et douze milliards d’euros (entre 80 et 100 millions d’euros par appareil). «Si le Rafale parvient à s’imposer dans le ciel européen comme le leader incontesté, l’effet de bascule va toucher tout le monde, juge un diplomate français proche de Dassault. Avec un tel volume de commandes, l’industrie aéronautique française va disposer des moyens pour produire l’avion du futur, qui ne sera donc pas franco-allemand. Macron vient peut-être de réaliser un coup de maître».

Essayons de regarder les choses en face pour la Suisse. Avec ces 36 F-35, la Confédération disposera, sur le papier, du meilleur avion de chasse au monde. Sur le papier! Car avec le F-35, tous les experts le disent, l’armée de l’air helvétique sera dans la main du Pentagone.

L’environnement informatique dans lequel évolue ce chasseur de dernière génération restera contrôlé par son fabricant Lockheed Martin, donc par les Etats-Unis. Alors que les Rafale Ukrainiens, en pole position pour défendre le flanc est de l’Europe, irrigueront le tissu industriel et technologique des pays qui ont choisi Dassault. Plus de 4000 sous-traitants travaillent sur le Rafale. Et un donnant-donnant va bien sûr faire jour: pas question de favoriser l’industrie d’un pays qui achète seulement du matériel «Made in USA».

Seulement une lettre d’intention

La revanche du Rafale doit être prise avec de grandes précautions. L’Ukraine et la France n’ont signé, à ce stade, qu’une lettre d’intention. Kiev a aussi commandé des batteries antiaériennes «Mamba», l’équivalent franco-italien des missiles Patriot américains. Reste les chiffres. 

Dans une lettre rendue publique comme par hasard ce lundi à Bruxelles, Ursula von der Leyen évalue à 137,5 milliards d’euros les besoins de financement de l’Ukraine en 2026-2027. Il va donc falloir trouver ces fonds, à la fois pour payer les armes américaines et pour équiper l’armée ukrainienne.

Macron marque des points

Or avec le Rafale, Macron marque des points pour le complexe militaro industriel français. Qui dit achat de Rafale dit acquisition de missiles et d’équipements technologiques européens, mais aussi mise en commun de renseignements et de bonnes pratiques. «Les acquéreurs de F-35 sont-ils aussi certains d’obtenir un partage des informations avec leurs fournisseurs américains?», interroge notre interlocuteur.

La Suisse doit-elle regretter ses F-35? A l’heure où Donald Trump vient d’accepter des baisses ses tarifs douaniers sur les produits helvétiques importés à 15%, les partisans du chasseur de Lockheed Martin estiment que non. Au contraire. Selon eux, le F-35 reste un bien meilleur choix. Ceux-là soulignent, à juste titre, que le gouvernement ukrainien a aussi promis d’acheter entre 100 et 150 chasseurs suédois Grippen, un avion très bien noté, mais qui n’est pas «multirôles».

Grippen et Rafale: le bon tandem?

Attention toutefois: les choses évoluent vite. Si la combinaison Grippen (l’appareil initialement commandé par la Suisse, avant que la population rejette ce choix lors d’un référendum en mai 2014) et Rafale s’avère la bonne dans le ciel ukrainien, face à la menace russe, le coup porté à la crédibilité des F-35 sera sévère. D’où les probables réactions négatives à attendre de Donald Trump et de Vladimir Poutine. La revanche du Rafale est assurée de rencontrer de sérieux obstacles.

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