Les enseignants français sont une fois de plus sous le choc. Le meurtre à coups de couteau, ce mardi 10 juin, d’une surveillante scolaire devant un collège de la Haute-Marne, fait remonter à la surface les images et les souvenirs de plusieurs agressions violentes commises en 2025 par des élèves. Voici les 5 raisons qui expliquent le climat de peur qui commence à s’immiscer dans le système scolaire français.
Encore un crime au couteau
C’est l’élément de cette affaire qui fait le plus peur. La profusion des couteaux dans les établissements scolaires français est proprement angoissante. L’élève de 14 ans interpellé après le meurtre de la surveillante a sorti l’arme blanche de son sac, comme de nombreux jeunes le font, soit pour attaquer, soit pour se défendre.
La preuve? Un rapport sur ce sujet vient d’être rendu à la fin mai au Premier ministre. Rédigé par une députée, Naïma Moutchou, et un préfet, François Ravier, il recommande notamment d’imposer la vidéosurveillance à l’entrée des établissements et même de l’expérimenter à l’intérieur des murs. L’idée de prouver que l’acheteur est majeur lors de l’achat d’opinels ou de machettes est également évoquée. Depuis 2019, jusqu’à 23% des personnes mises en cause pour port d’armes sont mineures, soit environ 3000 jeunes par an.
Encore un ado tueur
Le plus souvent en France, l’arrestation d’un adolescent meurtrier intervient dans le contexte de la lutte contre le trafic de drogue. De plus en plus, les trafiquants recrutent en effet de très jeunes assassins, inconnus des services de police. Ce phénomène se retrouve dans d’autres pays de l’Union européenne, au point que l’agence Europol a instauré une task force dédiée. Le plus inquiétant est la diffusion de la violence dans cette classe d’âge des 13-18 ans. «Il n’y a pas de profil type expliquait récemment Claire Georges, la porte-parole d’Europol. un. Ce ne sont pas forcément des gamins paumés ou en rupture familiale. Les parents doivent savoir ce qui se passe.»
Encore des enseignants visés
La personne décédée ce mardi 10 juin à Nogent, en Haute-Marne, n’était pas une enseignante. Mais en tant que surveillante, elle encadrait les élèves et représentait l’autorité. Or la prolifération de l’indiscipline et des actes violents contre le personnel scolaire a de quoi inquiéter en France. En 2022, un rapport du ministère de l’Education nationale listait, parmi les motifs des violences verbales ou physiques subies par les enseignants: l’arrogance ou le mépris (37%), le refus ou la contestation d’enseignement (27%). «Les directeurs d’école sont plus souvent exposés que les enseignants à des violences verbales et les parents d’élèves sont les plus fréquemment cités comme auteurs des violences», nuançait le document.
Encore une polémique sécuritaire
Le meurtre de Nogent est intervenu en tout début de journée, alors que les gendarmes procédaient à une fouille des sacs à l’entrée du collège. Celles-ci ont été accrues depuis le début de l’année, suite à une circulaire ministérielle du 21 février 2025. Ce texte préconise «des fouilles fréquentes» aux abords des établissements. Selon la loi, «ces opérations coups de poing sont menées par les policiers et gendarmes nationaux sur réquisitions écrites du procureur de la République, dans les lieux et pour la période que ce magistrat détermine, laquelle ne peut excéder vingt-quatre heures. Elles visent à rechercher et poursuivre un certain nombre d’infractions strictement énumérées par le législateur, telles que les infractions en matière d’armes et de trafic de stupéfiants.» Problème: ces fouilles sont critiquées car elles ne remédient pas au manque de moyens humains, en particulier dans le domaine de la médecine scolaire.
Encore une controverse judiciaire
C’est logique: les médias se sont mis à couvrir en boucle cette sinistre affaire. Il faut dire qu’en France, la question de ces violences scolaires est sur le devant de la scène. Une affaire illustre notamment ce fléau: la mort d’un adolescent de 14 ans, Elias, mortellement poignardé le 24 janvier 2025 par deux mineurs qui voulaient lui voler son téléphone. Elias sortait d’un entraînement de foot. Les deux adolescents suspects sont déjà connus de la justice. L’un d’entre eux avait fait l’objet d’une mesure éducative judiciaire en décembre 2023 pour des faits de vols et extorsion. Ils avaient tous les deux été présentés à la justice le 30 octobre 2024 pour des faits de vols commis avec violence. Ils avaient interdiction d’approcher l’un de l’autre. Leur procès doit se tenir bientôt.