Karin Keller-Sutter voit Macron ce mardi à 10h
Paris se moque de la Suisse: bien fait pour vos F-35 surfacturés!

La présidente de la Confédération est à Paris ce mardi 1er juillet. Elle est reçue par Emmanuel Macron à 10h au palais de l'Elysée. Une rencontre sur fond de polémiques autour des avions américains F-35 achetés par la Suisse. Alors que la France proposait ses Rafale…
Publié: 10:57 heures
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La présidente de la Confédération est à Paris ce mardi 1er juillet pour rencontrer Emmanuel Macron.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

La Schadenfreude à la française sera la musique de fond de la rencontre entre Karin Keller-Sutter et Emmanuel Macron, ce mardi 1er juillet à Paris. Une «joie mauvaise» que les responsables politiques et militaires français ne cachent pas du tout, alors que les mauvaises nouvelles s’accumulent sur le futur prix facturé à la Suisse par Lockheed Martin pour les 36 F-35 acquis par la Confédération en juin 2021.

«Les Suisses ont cru qu’ils achetaient, avec les F-35, une assurance-vie américaine sur le plan de leur sécurité aérienne. Or l’assureur en question se nomme aujourd’hui Donald Trump et il pratique le racket. Bienvenue dans le nouveau monde des fausses promesses de l’industrie de défense 'Made in USA'», raille un ancien ambassadeur français en Suisse.

Mépris, escroquerie ou les deux

Une autre voix écoutée à Paris, dans les cercles géopolitiques, le chercheur Bruno Tertrais, a dégainé sur le réseau social X à l’annonce des problèmes d’équipements et de facturation attendus du côté des F-35, supposés être livrés à l’armée suisse entre 2027 et 2030: «Je ne suis pas connu pour être un anti-américain enragé, mais cette affaire pathétique devrait servir de leçon aux Européens, écrit-il. Mépris, escroquerie, ou les deux: le résultat est le même. Bon courage à ceux – ils restent nombreux – qui croient encore qu’acheter américain est un gage de sécurité. Quant à ceux font les yeux doux à Trump, ils seront mangés en dernier.»

«Mangé en dernier»? Karin Keller-Sutter va donc devoir prouver à Emmanuel Macron, en une heure de rencontre officielle à l’Elysée, qu’elle n’est pas l’un des plats de résistance de l’ogre Trump, avec lequel la Suisse est en train de négocier – comme l’Union européenne. Or ce ne sera pas simple. Au récent salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, qui a explosé son record d’affluence en juin, le fabricant des F-35 Lockheed Martin s’est fait bien discret.

Lockheed Martin en mode discret

Pas d’annonces retentissantes de nouvelles commandes. Pas de «show» aérien pour démontrer la supériorité – jugée incontestable par de nombreux experts – sur le Rafale français. Pas de tentative de dénigrer l’avion de Dassault, après qu’un missile de la défense antiaérienne pakistanaise a abattu un appareil français en mai.

Après le récent sommet de l’OTAN à La Haye, et à quelques jours de la fête nationale française du 14 juillet, et de sa traditionnelle parade militaire sur les Champs Elysées, Emmanuel Macron a pour sa part l’avantage. Un pays de la taille de la Suisse, le Portugal, vient de tirer les conclusions des reports de Lockheed Martin. 

Le GIFAS, la coordination des industriels français de la défense, a aussitôt applaudi dans des termes qui pourraient peut-être, demain, s’appliquer aussi à la Suisse: «Face à la dépendance technologique aux Américains et aux restrictions potentielles sur l’usage des F-35, le ministre portugais de la Défense, Nuno Melo, a annoncé que le Portugal ne ferait finalement pas l’acquisition des avions de Lockheed Martin. Les Etats-Unis peuvent en effet empêcher techniquement les F-35 étrangers de voler en bloquant leur accès à certains systèmes critiques. Le Portugal explore désormais des options européennes pour renouveler sa flotte de F-16 vieillissants.»

Souveraineté renforcée

Et d’ajouter: «Un choix qui offrirait l’avantage d’une souveraineté sur la maintenance et les mises à jour, limiterait la dépendance aux Etats-Unis et renforcerait l’industrie de défense du continent.» Alors qu’Ignazio Cassis a confirmé la semaine dernière à Bruxelles vouloir négocier un «partenariat de sécurité et de défense avec l’Union européenne» – clé pour permettre aux industriels helvétiques d’accéder aux commandes et aux fonds européens – le fantôme du Rafale va donc s’inviter à coup sûr dans le bureau présidentiel. Il paraît même qu’en cas de revirement suisse, Dassault a déjà concocté une nouvelle proposition…

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