Interview sur les lieux
Le maire de Fedry raconte sa découverte du Vaudois assassiné

Jean Roblet est le maire de la commune française de Fedry (Haute-Saône), où il a découvert samedi 1er novembre le corps du septuagénaire vaudois assassiné. Un corps découpé en deux au niveau du bassin. Interview.
Publié: 17:15 heures
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Dernière mise à jour: 17:23 heures
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La presse locale française a largement couvert ce meurtre
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Richard WerlyJournaliste Blick

Jean Roblet est le maire de la petite commune rurale de Fedry, en Haute-Saône. C’est à cinq cents mètres de ce bourg fort de 94 habitants, au confluent de la Saône et d’un ruisseau nommé «La Bonde» que le corps du septuagénaire vaudois assassiné a été retrouvé samedi 1er novembre à la mi-journée. L’élu est arrivé le premier sur les lieux, après la découverte macabre par un pécheur. Interview sur les lieux pour Blick.

Monsieur le maire, que s’est-il passé samedi à la mi-journée?
Je suis près de la mairie lorsque je reçois un appel. Un pêcheur du voisinage, que je ne connais pas, vient de découvrir sur les rives de la Bonde, près de la piste cyclable «Charles le Téméraire» (qui rejoint le Luxembourg à la Méditerranée), ce qu’il pense être un corps humain découpé en deux. Il est affolé. Je me précipite sur les lieux. Je ne suis pas sûr, à cet instant, qu’il s’agit bien du corps d’une victime.

Quelques minutes après, vous en avez confirmation?
J’appelle d’abord la section de gendarmerie de notre communauté de communes de Dampierre sur Salon. Puis je me rends sur place. Il pleut. Le pécheur en question, qui venait sonder la rive pour choisir le meilleur emplacement pour ses lignes, me désigne un massif d’orties, au bord de la piste cyclable qui est aussi un lieu très connu de ballades piétonnières, surtout en été. L’assassin et la victime connaissaient-ils les lieux? Peut-être. L’enquête le dira. En ce qui me concerne, j’établis les faits dès que je me penche sur le corps. Il s’agit bien du corps d’un homme, plutôt âgé, vêtu d’un seul caleçon. Il a été sectionné au niveau du bassin. Il y a des traces de pneus près du bosquet. Je me dis qu’il a sans doute été convoyé ici. C’est l’horreur.

L’horreur, et tout de suite l’arrivée des gendarmes…
Je suis militaire de carrière. J’étais officier dans le génie. Mon unité a notamment été déployée à Sarajevo, lors de la guerre de l’ex Yougoslavie. J’ai vu beaucoup de victimes, de blessures, de morts. Ma levée de doutes, je le répète, est immédiate. Il s’agit bien du corps d’un homme. Partout, une poudre blanche est visible sur l’herbe et les orties. Rien ne permet d’identifier la personne. Les premiers gendarmes arrivent vingt minutes après mon appel. Puis c’est la mobilisation générale des forces de l’ordre: la gendarmerie scientifique, un hélicoptère qui décolle de Besançon, un drone qui survole la zone. On se dit, à ce moment, que l’auteur du crime peut encore être dans les parages.

Les vérifications se terminent vite?
Non. Les gendarmes et leurs unités spécialisées, dont une équipe cynophile, sont restés sur place jusqu’à 23 heures. Le cadavre était là aussi. Il a fallu faire tous les prélèvements. Le médecin légiste est d’abord intervenu sur place. Le corps a été déplacé dans la nuit pour l’autopsie, qui a eu lieu à Besançon. On me demande des informations complémentaires, mais je n’ai rien. Nous sommes un petit village. Pas de caméra de surveillance. Pas de témoignage de promeneurs. ni la victime, ni la personne arrêtée ensuite à la frontière n'étaient connus localement. Comment le corps est arrivé là? Était-il mutilé avant d’être transporté, ou a-t-il été découpé sur place? On interroge les habitants qui se trouvent les plus proches. Mais le lieu dont on parle est loin du bourg, à environ 500 mètres. Une petite forêt nous sépare. Personne n’a rien vu.

Les nouvelles commencent à circuler dimanche?
En fin de matinée oui. A ce moment, tout a déjà été déblayé, mais les traces de poudre blanche demeurent. Les herbes sont couchées. On voit que quelque chose s’est passé ici, au bord de la Bonde. Et dans le village, c’est le choc. Un meurtre, ici! En fait, le plus probable est que le corps a été apporté en voiture. Cela se confirme dans la soirée de dimanche avec la confirmation de l’arrestation par les gardes-frontières suisses. L'homme assassiné et la personne interpellée connaissaient-ils les lieux? Possible. Nous sommes alors dans la sidération la plus complète. Et croyez-moi, on a de la peine à en sortir.

Avez-vous été contactés par les enquêteurs suisses?
Non. Mes informations sur l’identité de la victime, originaire du canton de Vaud, viennent des gendarmes. C'est eux qui me l'ont appris. Personne n’est venu ici. Personne ne m’a contacté. Maintenant, le corps du défunt est à Besançon. Il nous reste à vivre avec cette mémoire: ce corps déposé là, samedi, dans ce lieu si fréquenté. La nature est toujours là. Elle va vite reprendre ses droits. Mais notre cauchemar, lui, n’est pas près de se dissiper.

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