Cette journaliste suisse raconte
Femmes, drogue, courage, alcool, rock: Ardisson, c'était ça

La journaliste suisse Catherine Schwaab, longtemps à Paris-Match, a bien connu Thierry Ardisson dont les obsèques ont lieu ce jeudi à 16 heures à Paris. Elle le raconte à sa manière: rock !
Publié: 17.07.2025 à 16:13 heures
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L'animateur français de télévision Thierry Ardisson est décédé le 14 juillet à 76 ans.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Catherine Schwaab a longtemps été l'une des grandes plumes du magazine français Paris-Match. Spécialiste de la mode, des tendances et des people, cette journaliste suisse a côtoyé de près Thierry Ardisson, décédé le 14 juillet, dont les obsèques sont célébrées ce jeudi à Paris. Elle raconte, pour Blick, Ardisson à la manière… Ardisson, c'est-à-dire rock n'roll!

Catherine, toi qui as beaucoup fréquenté Thierry Ardisson, le peu de place qu'il laissait aux femmes dans ses émissions ne t'a jamais choqué?
S'il était là, devant nous, Thierry te répondrait avec franchise que, femme ou homme, il n’aimait surtout pas laisser trop de place aux autres! D’ailleurs ceux qui tentaient des interruptions intempestives de ses interviews, genre «que c’est chiant!», comme Laurent Baffie, ont vite compris que ça dérangeait son égo. Pour lui, les femmes étaient «des gonzesses». C'est vrai que c’est vexant aujourd’hui. Mais en réalité, il tenait la gent féminine en plus haute estime que les mecs, selon lui «bien trop pilotés par leur bite»! N'oublie pas que sa productrice, celle qu’il écoutait le plus, n’était pas un homme: c’était Catherine Barma.

Un sacré réac quand même, Ardisson le royaliste. Il préférait taper sur les gens de gauche que sur ceux de droite…
Il était réac, oui, au sens conservateur. Il aimait le luxe, il ne prônait pas l’égalité sociale. Mais il n’a pas hésité à balancer férocement sur le milliardaire Vincent Bolloré «qui transforme les médias en machinerie d’extrême-droite, et en cathédrale catho-cul béni». Il lui a même intenté un procès pour licenciement sans préavis, et il a gagné. Il a empoché un chèque de 2,9 millions d'euros! Quand il a pris confiance en lui, vers la cinquantaine, qu’il sentait qu’il avait « réussi », il se définissait même comme «un chrétien de gauche».

Pour toi, la marque Ardisson, c'était quoi?
L’esprit en effervescence jusqu’à la fin. Il chérissait son vécu déjanté, sex, drug and rock and roll, les années 80, ses émissions de télé alors révolutionnaires, ses délires de rédacteur de pub. Mais il continuait de fonctionner en fin limier des tendances. Il sortait constamment des formules qui ramassaient une observation de l’époque. Ardisson, c'était tout à la fois: un style, un influenceur, un scandale. Prends l'exemple de sa dernière idée: monter une émission avec l’aide de l’Intelligence artificielle qui ranimait les morts: Dalida, Jean Gabin, Marlène Dietrich … toutes ses gloires disparues répondaient aux questions d’un Thierry Ardisson rajeuni! L’émission n’a pas marché mais c’est parce qu’il a eu l’idée trop tôt. Il faut préciser que, au-delà de l’idée, il y avait un travail acharné derrière. Ardisson le surdoué était un bosseur fou.

Ardisson rocker déjanté, borderline?
Rock? Toujours. C'était sa marque de fabrique. Bordeline? Il l’a beaucoup été du temps de «Paris dernière» ou «Lunettes Noires pour nuits blanche». Cet Ardisson-là était à la fois cocaïné-héroïné-obsédé du cul. Ensuite, il s’est sevré lui-même (des drogues, un peu moins du cul) en partant aux Etats-Unis. Puis, l’âge aidant, et grâce à sa rencontre miraculeuse en 2009 avec Audrey Crespo-Mara, il a complété sa mue. Toujours rock et féroce, farouchement solitaire, mais quand même apaisé.

Ardisson et la drogue: bien trop libéral?
La drogue, le champagne faisaient partie de son quotidien. Dans les années 80, la coke circulait beaucoup dans les bureaux des créatifs de publicité. Dans la mode aussi, pour ne pas grossir. Comme il était obsédé par son poids, la coke l’aidait à ne pas manger. En revanche il buvait pas mal. Et il « torchait » ses invités des plateaux TV pour les détendre! Puis il s’est rendu compte de son addiction ; à l’héro surtout. Alors il s’est éloigné de ses « fournisseurs » quelques mois aux Etats-Unis afin de décrocher. Et il a réussi. Les dernières années de sa vie, il avait même arrêté l’alcool. Clean, mais jamais chiant!

Retrouvez Catherine Schwaab au micro d'Helvétix Café, le podcast de Blick consacré à la France

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