L'appel de Macron
La France et l'Europe sont menacées, il faut s'armer d'urgence

Un appel aux Français et aux Européens: Emmanuel Macron a confirmé, à la veille du 14 juillet, que la défense du pays et du continent doit primer sur tout le reste. «Pour être puissant, il faut être craint». Sauf que les finances de la France sont au plus bas.
Publié: 13.07.2025 à 21:04 heures
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Dernière mise à jour: 00:58 heures
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Emmanuel Macron a prononcé un discours consacré à la défense de la France et de l'Europe à la veille du 14 juillet.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

La France est menaçée. L’Europe est menaçée. Les «dividendes de la paix» sont terminés. Le pilier européen de l’OTAN doit être consolidé.

A la veille de la fête nationale française du 14 juillet, Emmanuel Macron ne pouvait pas être plus clair. Impossible, selon lui, de contrer la menace Russe – plusieurs fois répétée – et le désengagement des Etats-Unis sans consacrer davantage de crédits à la défense et aux armées. Et impossible d’être crédible, aux yeux du reste du monde, sans une réponse européenne traduite par des productions et des achats d’armes en commun.

Un appel attendu

Cet appel du Président français était attendu. Ce qui le caractérise, en plus des rappels sur les défis sécuritaires européens, est l’urgence qui, selon lui, doit guider les décisions budgétaires et communautaires. Preuve de cette urgence, le Chef de l’Etat a fixé un nouveau calendrier militaire à son pays: le budget de la défense devra avoir doublé, en 2027, par rapport à 2017, année de sa première élection. Les armées françaises disposaient alors de 32 milliards d’euros par an. Elles pourront compter, a-t-il promis, sur 64 milliards en 2027, date de son départ de l’Elysée. Ce qui suppose 3,5 milliards d’euros d’augmentation de crédits en 2026, et trois milliards en 2027.

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Comment y parvenir dans un pays confronté à un endettement public record de 3350 milliards d’euros en 2025, à deux jours d’annonces budgétaires douloureuses attendues le 15 juillet. C’est ce jour-là, au lendemain de la fête nationale du 14 juillet, que le premier ministre François Bayrou donnera sa recette pour atteindre le chiffre qu’il juge indispensable: 40 milliards d’euros d’économies pour un pays dont le déficit public a atteint, en 2024, 160 milliards d’euros. Comment, donc, financer les nouvelles armes indispensables pour permettre à la France, en coopération avec ses voisins, d’assurer sa sécurité?

Produire plus, et après?

A cette question, Emmanuel Macron n’a répondu que par un mot: production. Produire plus donc, et mobiliser davantage de crédits pour les industries de défense dont les retombées, en termes de croissance et d’emplois, sont évidemment positives. Sauf que le flou ne résout pas le problème. Idem, d’ailleurs, du côté européen. Le président français, à l’évidence résolu à faire de la sécurité du pays l’un des points décisifs de son bilan de deux quinquennats, n’a pas clarifié l’avenir des relations industrielles entre L’Allemagne, le Royaume Uni et la France pour les futurs projets d’armement. «Achetons européen en masse», a-t-il exhorté. «Mettons les bouchées doubles.» Sans, toutefois, mentionner de programmes industriels précis, sauf le fonds européen SAFE (Security Action for Europe) doté de 150 milliards d’euros.

«Notre stratégie est la bonne depuis neuf ans», a martelé le locataire de l’Elysée qui présidera, lundi 14 juillet, au traditionnel défilé militaire à Paris, dont l’Indonésie est l’invité d’honneur. Une allusion à ses sorties répétées sur la menace russe et sur la nécessité de revitaliser l’OTAN, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, dont il avait déploré «l’état de mort cérébrale» en 2019 dans les colonnes de «The Economist». A quoi peut ressembler le futur «pilier européen» de l’alliance qu’il réclame à cor et à cri? Quel pourrait être son mandat, en dehors de la tutelle que les Etats-Unis ne semblent pas vouloir desserrer sur une alliance pourvoyeuse de contrats pour leur industrie de défense? Là aussi, le flou règne.

Restructurer l’armée française

L’armée française doit se restructurer. A l’automne, de nouvelles annonces porteront sur la réintroduction d’un volontariat qui réintroduirait une forme de service militaire, abandonné en 1996 pour faire place à l’armée professionnelle. 200'000 Français servent sous les drapeaux. 300'000 en ajoutant les réservistes. Comment organiser cette restructuration en lien avec les pays voisins qui, comme la Suisse, disposent d’une base industrielle pour la production de munitions, de drones, et d’équipements technologiques indispensables aux performances des armées, sur fond d’une guerre en Ukraine transformée en grand laboratoire des conflits de demain?

Emmanuel Macron a tiré, ce 13 juillet, le signal d’alarme, y compris sur la vulnérabilité stratégique de ses territoires d’outre-mer. «Pour être puissant, il faut être craint» a-t-il affirmé. Mais comment ? L’Allemagne et le Royaume-Uni signeront la semaine prochaine un rapprochement en matière de défense. Un conseil de défense franco-allemand aura lieu à la fin août. Les commandes européennes de matériel militaire américain affluent, augmentant de facto la dépendance du continent envers Washington. Après le discours, l’heure des actes s’annonce plus compliquée.

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