Le Premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sánchez, a annoncé mercredi que son gouvernement publierait en novembre une liste des symboles du franquisme à «retirer» de l'espace public, 50 ans après la mort du général Franco, qui avait dirigé le pays d'une main de fer entre 1939 et 1975.
«Je vous annonce qu'avant la fin du mois de novembre, nous publierons au Journal officiel le catalogue complet des éléments et symboles franquistes afin qu'ils soient définitivement retirés de notre pays et de nos rues», a déclaré Sánchez devant les députés.
Encore des milliers de symboles
Cette annonce intervient alors que le 20 novembre prochain marquera en Espagne le 50e anniversaire de la mort du général Franco, dans un pays qui reste profondément divisé sur l'héritage mémoriel de sa dictature.
Statues, emblèmes militaires, noms de rues ou encore de places et de boulevards à la gloire du dictateur se comptent toujours par milliers en Espagne, ce que dénoncent depuis longtemps de nombreuses associations et le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez.
C'est notamment le cas à l'entrée ouest de Madrid de l'«Arc de la Victoire», un édifice néoclassique construit dans les années 1950 pour célébrer le succès des troupes franquistes sur les soldats républicains lors de la Guerre civile (1936-1939).
Un premier pas sous Zapatero
En 2007, le gouvernement du socialiste José Luis Rodríguez Zapatero avait amorcé un changement avec sa loi dite de «mémoire historique», qui obligeait les administrations à retirer les symboles «faisant l'apologie» de la dictature dans l'espace public.
Ce virage s'est ensuite accéléré avec l'arrivée au pouvoir en 2018 de Pedro Sánchez, un autre socialiste, qui a fait exhumer en 2019 les restes de Franco du mausolée «Valle de los Caídos», afin que sa tombe ne soit plus un lieu de recueillement pour les nostalgiques de la dictature, et fait voter en 2022 une loi de «mémoire démocratique». Ce texte, adopté malgré l'opposition de la droite, a notamment créé un registre des victimes de Franco, annulé les condamnations sommaires prononcées par son régime et mis sous pression les mairies réticentes à supprimer les symboles franquistes.
Dans ce contexte, la mairie de la ville de Santander (nord) avait ainsi dû changer les noms de 18 rues liées à la dictature.
Mais cette démarche de suppression des symboles franquistes de l'espace public se heurte toujours à de vives réticences, en premier lieu chez les nostalgiques de Franco.