Entre guerres et discorde
L'OTAN a 75 ans, mais a de quoi s'inquiéter

L'OTAN a fêté jeudi ses 75 ans d'existence, plus que jamais préoccupée tant par l'Ukraine, en difficulté sur le champ de bataille, que par son unité, au moment où les incertitudes relatives à l'engagement américain en Europe inquiètent.
Publié: 04.04.2024 à 11:47 heures
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Dernière mise à jour: 04.04.2024 à 11:54 heures
Née le 4 avril 1949, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord est «plus grande, plus forte et plus unie que jamais», s'est félicité son secrétaire général Jens Stoltenberg, lors d'une cérémonie marquant cet anniversaire au siège de l'OTAN.
Photo: keystone-sda.ch

Née le 4 avril 1949, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord est «plus grande, plus forte et plus unie que jamais», s'est félicité son secrétaire général Jens Stoltenberg, lors d'une cérémonie marquant cet anniversaire au siège de l'OTAN.

Il s'est néanmoins montré inquiet pour l'avenir, conjurant dans son discours les Etats-Unis à rester proches de leurs alliés européens.

«Je crois à l'Amérique et à l'Europe ensemble, dans l'OTAN, parce que nous sommes plus forts et plus en sécurité ensemble», a-t-il lancé. «Avec l'OTAN, les Etats-Unis ont plus d'amis et plus d'alliés que n'importe quelle autre puissance» dans le monde, a-t-il ajouté.

La perspective d'un retour à la Maison Blanche de l'ancien président Donald Trump inquiète les Alliés européens, qui redoutent un désengagement américain en Europe et un arrêt du soutien des Etats-Unis à l'Ukraine en guerre.

Le discours de Jens Stoltenberg a été suivi par celui des ministres des pays entrés dans l'OTAN au cours des vingt dernières années, géographiquement proches de la Russie et parmi les plus inquiets de la situation sur le champ de bataille en Ukraine.

«Plus grande des batailles»

Cette guerre, «malheureusement pourrait être la plus grande des batailles pour l'OTAN», a déclaré à cette occasion le chef de la diplomatie lituanienne Gabrielius Landsbergis. «Nous devons être préparés à cela», car sinon, «ce serait la plus grosse erreur que nous puissions jamais faire», a-t-il averti.

Jens Stoltenberg, qui préside jeudi un conseil OTAN-Ukraine, n'a pas caché son inquiétude quant à la situation sur le front en Ukraine. Il a demandé aux Alliés de rapidement répondre aux «besoins urgents» de ce pays en munitions, artillerie et surtout en moyens de défense antiaérienne.

Les soldats ukrainiens doivent rationner les obus d'artillerie qu'ils tirent face aux Russes, faute d'en recevoir suffisamment, a en outre rappelé Jens Stoltenberg.

Défense antiaérienne

«L'Ukraine est actuellement le seul pays au monde qui se défend contre des missiles balistiques presque chaque jour», a lancé mercredi le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, à son arrivée au siège de l'OTAN, à Bruxelles.

C'est pourquoi, «tous les missiles Patriot» – utilisés pour la défense antiaérienne – «disponibles dans le monde» devraient être envoyés «dès que possible» aux Ukrainiens, a-t-il estimé sur X.

Face a cette pénurie, Jens Stoltenberg préconise un engagement «prévisible» et «à long terme» des Alliés en faveur de l'Ukraine. Il a évoqué la constitution d'un fonds d'un milliard d'euros sur cinq ans pour stabiliser cet engagement, un chiffre accueilli avec scepticisme par certains d'entre eux, dont l'Allemagne.

Partager le fardeau

La France, l'Allemagne et la Pologne ont de leur côté suggéré mercredi dans une déclaration commune que l'ensemble des pays de l'OTAN s'engagent à consacrer 2% de leur PIB à des dépenses militaires. Seuls une vingtaine remplissent actuellement cet objectif, que tous avaient pourtant entériné il y a dix ans.

Jens Stoltenberg a de ce point de vue rappelé jeudi la nécessité «essentielle» d'un meilleur «partage du fardeau» entre Européens et Américains, ces derniers contribuant à plus de 70% actuellement aux ressources de l'Alliance.

(ATS)

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