Comme chacun le sait, Les Etats-Unis sont un système bipartite. Depuis l'élection d'Abraham Lincoln en 1860, aucun président n'a conquis la Maison Blanche s'il n'était pas démocrate ou républicain. Les partis tiers, appelés Third Parties, sont généralement bien vite écartés du jeu et les votes en leur faveur sont généralement considérés comme une protestation contre le système établi.
Malgré tout, le multimilliardaire de la tech Elon Musk prévoit de fonder son propre parti afin de défier le président Donald Trump. Cette démarche audacieuse est motivée par la nouvelle loi fiscale de Trump, adoptée de justesse par le Congrès ce jeudi.
L'«America Party»
L'ancien chef du Doge et ancien allié de Trump s'opposait fermement à son projet fiscale. Sur sa plateforme X, il a écrit qu'il s'agissait là de «dépenses insensées» et que cela aboutirait à une dette de cinq billions de dollars. «De toute évidence, nous vivons dans un Etat à parti unique, le parti de Piggy-Dick (original: PORKY PIG PARTY)! Il est temps de créer un nouveau parti qui se soucie vraiment des gens», a déclaré Musk en annonçant la création de l'«America Party».
Mais le patron de Tesla aurait-il une chance avec son parti contre les deux grands Major Parties? Un coup d'œil sur d'autres Third Parties américains montre à quel point il est difficile de briser le système.
Le parti de la prohibition – Prohibition Party
Le plus ancien parti tiers encore existant aux Etats-Unis a été fondé en 1869. Son objectif principal? Interdire l'alcool. Dans les années 1920, il a joué un rôle clé dans l'introduction de la prohibition, qui interdisait la production et la vente d'alcool.
Bien que l'interdiction ait été levée en 1933, le parti existe encore aujourd'hui, mais seulement de manière symbolique. Il continue à s'engager pour l'abstinence, les valeurs chrétiennes et une politique sociale particulièrement conservatrice. Sur le plan politique, il n'a plus aucune influence.
Le parti de la réforme des Etats-Unis – Reform Party of the USA
En 1995, l'entrepreneur Ross Perot (1930-2019) a fondé le Reform Party of the USA (RPUSA) comme alternative aux démocrates et aux républicains. Il exigeait une discipline budgétaire exemplaire, moins de corruption et plus de participation citoyenne. L'homme s'est présenté en 1992 comme candidat indépendant contre Bill Clinton et a obtenu près de 19% des voix.
Mais le principe du winner takes all («le vainqueur emporte tout») l'a empêché de remporter un Etat. Son résultat est resté un succès d'estime, mais sans conséquences politiques. Le parti existe toujours, mais ne joue, lui non plus, de rôle significatif.
Le parti pour des loyers meilleur marché – Rent Is Too Damn High Party
Ce petit parti régional a un objectif clair: faire baisser les loyers. Il a été fondé par l'activiste new-yorkais Jimmy McMillian, qui a lancé en 2010 la phrase The rent is too damn high! («Les loyers sont trop élevés putain!»). Un slogan qui avait fait la Une des journaux dans tout le pays. Avec son costume et sa grande barbe blanche, il s'est présenté à plusieurs reprises à la mairie de New York et même à la présidence du pays.
Ses revendications: des logements abordables, des salaires équitables et un plus grand soutien aux familles pauvres. Mais le succès n'a pas été au rendez-vous. Comme ses confrères, le parti continue d'exister, mais ne pèse plus dans le paysage politique.
Ce ne sont que trois exemples de partis tiers dont les ambitions de secouer le bipartisme aux Etats-Unis ont échoué. Un sondage de l'institut Gallup a toutefois révélé en octobre dernier que 58% des Américains estiment qu'un nouveau parti solide serait bienvenu, voire nécessaire aux Etats-Unis. Reste à savoir si Elon Musk aura une stratégie suffisante pour rebattre les cartes dans ce jeu très figé de la politique américaine.