Le président russe Vladimir Poutine hésite toujours à annoncer officiellement sa candidature à l’élection présidentielle prévue en mars. Une modification de la Constitution lui permet de briguer un nouveau mandat, ce qui n’était pas possible avant 2020. Il a déclaré en septembre qu’il ne confirmerait une candidature pour 2024 qu’après l’annonce officielle de l’élection. Mais sa réélection n’est pas garantie: Ekaterina Dountsova se dresse désormais sur son chemin.
Cette femme politique a annoncé la semaine dernière sa ferme intention de s’opposer à l’actuel maître du Kremlin. Ekaterina Dountsova, une mère célibataire de 40 ans, est également journaliste de la région de Tver, au nord-ouest de Moscou. Elle a communiqué sa candidature à la présidence russe sur Telegram.
«Nous devons essayer»
Dans sa déclaration sur le réseau social, Ekaterina Dountsova émet des critiques acerbes qui pourraient la conduire derrière les barreaux: «Pourquoi ai-je pris cette décision? J’aime notre pays. Je veux que la Russie soit un Etat prospère, démocratique et pacifique. Mais actuellement, notre pays évolue dans une tout autre direction.»
La mère de trois enfants «comprend que beaucoup veulent attendre pour le moment. Mais nous devons agir. Essayons au moins! Essayons de gagner cette 'élection'!» Sa fille de 19 ans, en particulier, prévoit de l’aider à faire campagne.
La journaliste avance que son âge, son genre et son manque d’expérience dans la politique moscovite sont ses plus grands atouts. Les élections russes ont toujours été dominées par des hommes âgés qui ont travaillé pendant des décennies dans l’ombre du Kremlin, explique-t-elle. La dernière femme puissante en Russie? L’impératrice Catherine la Grande, au XVIIe siècle.
Parler de paix plutôt que de guerre
Ekaterina Dountsova veut fonder son parti à Moscou et installer des bureaux dans différentes villes du pays. Elle ne se fait pas d’illusions. La journaliste s’attend déjà à ce que toute tentative d’opposition soit réprimée par les autorités. «Nous savons très bien ce qui peut se passer, a-t-elle souligné au 'Moscow Times'. Si nous ne parvenons pas à nous rassembler lors de la première tentative, nous essaierons une seconde fois, puis ainsi de suite.»
Cette juriste de formation a laissé entendre qu’elle désapprouve l’invasion de l’Ukraine. Elle doit choisir ses mots avec précaution pour éviter d’enfreindre la loi. Elle avait déjà été convoquée par le parquet pour parler de sa campagne et de sa position sur le conflit. En Russie, il est interdit de qualifier de «guerre» cette attaque en Ukraine. Ekaterina Dountsova préfère donc parler de «paix».
Des obstacles de taille
Le premier obstacle qu’Ekaterina Dountsova doit surmonter est une législation électorale exigeante. Elle doit recueillir 300’000 signatures dans minimum 40 régions de Russie et les soumettre à l’autorité électorale pour vérification.
De plus, la loi exige qu’une candidature soit soutenue par un groupe d’intérêt de 500 personnes. Ce groupe doit se réunir en un seul endroit pour soutenir un candidat.
Il est probable que les autorités russes tentent d’empêcher ou de dissoudre une telle réunion. Ekaterina Dountsova espère créer un nouveau mouvement dans le pays afin de pouvoir défier officiellement Vladimir Poutine en 2024.