Des groupes djihadistes ont tué une cinquantaine de civils lors de trois attaques dans le nord du Burkina Faso depuis mai, a rapporté l'ONG Human Rights Watch (HRW) lundi, exhortant le régime militaire à assurer une meilleure protection de la population.
Le Burkina Faso, dirigé depuis près de trois ans par une junte, est miné par les attaques meurtrières de groupes armés djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique.
«Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda) a attaqué la ville de Djibo, dans la région du Sahel, le 11 mai et le village de Youba, dans la région du Nord, le 3 août, tuant en tout au moins 40 civils», a affirmé HRW dans un communiqué.
Punis pour désobéir
«L'Etat islamique au Sahel (EIS) a attaqué un convoi civil apportant de l'aide humanitaire à la ville assiégée de Gorom Gorom, dans la région du Sahel, le 28 juillet, tuant au moins 9 civils», a-t-elle ajouté.
Les habitants du village de Youba ont par exemple expliqué à HRW que les djihadistes ont voulu «punir la communauté locale pour n'avoir pas obéi aux instructions du GSIM d'abandonner certaines récoltes» qui, trop hautes, pourraient gêner les activités des djihadistes.
Dans une réponse adressée à HRW le 15 août, le GSIM a assuré «ne jamais cibler intentionnellement des civils», faisant état d'«allégations infondées», ou «au plus, d'incidents causés par des balles perdues, dont nous n'avons pas connaissance». Ilaria Allegrozzi, chercheuse pour HRW spécialiste du Sahel estime que «les autorités doivent assurer une meilleure protection à tous les civils en danger».
Promesse de sécurité
A son arrivée au pouvoir fin septembre 2022, le chef de la junte, le capitaine Ibrahim Traoré avait promis de rétablir la sécurité en quelques mois, mais les attaques – qui visent soldats et civils – n'ont pas faibli.
HRW appelle notamment les autorités à «enquêter sur les abus, notamment ceux commis par les militaires et les milices alliées, et poursuivre en justice les responsables». L'ONG relève que «le gouvernement a de plus en plus ciblé les civils lors des opérations de contre-insurrections».
L'armée burkinabè et ses supplétifs civils, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), sont régulièrement accusés par des ONG, dont HRW, de commettre des massacres de civils.
L'ONG Acled, qui recense les victimes de conflits dans le monde, fait état de plus de 26'000 personnes tuées dans des attaques djihadistes – civils et militaires – depuis 2015 au Burkina, dont plus de la moitié ces trois dernières années.