Cette semaine encore, Israël a bombardé plusieurs cibles dans la bande de Gaza, faisant des dizaines de morts parmi les civils. En parallèle, l’armée israélienne vise la prise de la ville de Gaza, ce qui oblige des centaines de milliers de Palestiniens à quitter la plus grande localité de la région. Les organisations humanitaires mettent en garde contre une aggravation dramatique de la situation déjà catastrophique de la population civile.
À cela s’ajoute l’éloignement progressif d’une solution à deux États. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a approuvé cette semaine des plans de construction controversés pour des colonies en Cisjordanie, en violation du droit international: 3400 nouvelles unités d’habitation à proximité de Jérusalem-Est.
Le Conseil fédéral préoccupé
Le conflit au Proche-Orient préoccupe également le Conseil fédéral. La semaine prochaine, la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, et le chef du Département des affaires étrangères (DFAE) , Ignazio Cassis, se rendront à New York pour participer à l’Assemblée générale de l’ONU et y mener des discussions.
Contrairement à la France ou au Royaume-Uni, qui souhaitent reconnaître la Palestine comme État, la Suisse s’y oppose toujours. Toutefois, selon «Blick», une nouvelle version des conditions de reconnaissance future de la Palestine a été discutée vendredi au Conseil fédéral.
La Suisse s’acquitte de ses obligations
La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, en charge du Département fédéral de l'intérieur, et le chef du DDPS, Martin Pfister, ont critiqué dans des rapports communs l’attitude du DFAE. En coulisses, Ignazio Cassis est accusé de ne pas vouloir voir la réalité en face, alors qu’Israël crée des faits qui compromettent la solution à deux États. Finalement, la majorité PLR-UDC au Conseil fédéral a bloqué toute nouvelle prise de position.
Ignazio Cassis admet toutefois que la Suisse ne respecte pas entièrement ses obligations de droit international dans le conflit: dans une lettre adressée à des spécialistes du droit international, il écrit que la Suisse s’acquitte «dans une large mesure» de ses obligations envers les États tiers.
Selon les informations de «Blick», la Suisse devrait sanctionner plus sévèrement les activités des colons et mieux encadrer les affaires d’armement et les transactions financières. Cependant, ni le Secrétariat d’État à l’économie (Seco) ni le Secrétariat d’État aux questions financières internationales (SFI) n’ont pris de mesures.
Un ex-diplomate critique Ignazio Cassis
Didier Pfirter, diplomate retraité du DFAE et spécialiste du droit international public, membre du PLR comme Ignazio Cassis, critique l’attitude du Conseil fédéral: «La lettre d'Igazio Cassis est une succession de platitudes. Hormis des déclarations faites du bout des lèvres, la Suisse ne fait rien de concret pour remettre Israël à sa place dans le droit international. Cela ne répond pas aux exigences de la Cour internationale de justice d’utiliser tous les moyens pour empêcher un génocide.»