«Déchirure rectale interne»
Violences contre des détenus palestiniens: l'ex-procureure de Tsahal arrêtée

Yifat Tomer-Yeroushalmi a été placée en garde à vue dans le cadre d'une enquête sur une vidéo qui aurait fuité en 2024. Les images montraient les sévices infligés à des Palestiniens dans une prison israélienne.
Publié: 11:13 heures
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Les violences ont été commises dans le centre de détention de Sdé Teiman.
Photo: Anadolu via Getty Images

L'ex-procureure générale de l'armée israélienne Yifat Tomer-Yeroushalmi a été arrêtée dans le cadre d'une enquête concernant la fuite d'une vidéo montrant des violences en 2024 contre des détenus palestiniens par des soldats israéliens dans une prison de haute sécurité, a indiqué lundi le ministre de la Sécurité intérieure.

Après avoir annoncé sa démission vendredi, Yifat Tomer-Yeroushalmi avait brièvement disparu dimanche, déclenchant des spéculations dans la presse sur une possible tentative de suicide.

Dans un message sur Telegram, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a annoncé lundi qu'il «a été convenu qu'à la lumière des événements de la nuit dernière, le Service pénitentiaire agirait avec une vigilance accrue pour assurer la sécurité de la détenue dans le centre de détention où elle a été placée en garde à vue». Il a souligné l'importance de «mener l'enquête de manière professionnelle afin de découvrir toute la vérité concernant l'affaire qui a conduit à une accusation» contre des soldats.

Cinq soldats inculpés

Cette affaire, qui avait éclaboussé l'armée en plein conflit dans la bande de Gaza, avait débuté en août 2024 avec la diffusion par la chaîne israélienne Channel 12 d'images filmées par une caméra de surveillance, ensuite reprises par de nombreux médias. Sans les montrer clairement, la vidéo suggérait de graves violences exercées par des soldats israéliens sur un détenu palestinien.

En février 2025, l'armée avait annoncé l'inculpation de cinq soldats pour mauvais traitements d'un détenu palestinien en juillet 2024 dans le centre de détention de Sdé Teiman, près de la bande de Gaza, où sont incarcérés des Palestiniens arrêtés depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023. 

«Le procureur militaire a inculpé cinq soldats réservistes pour avoir commis des agressions dans des circonstances aggravantes et causé des blessures à un détenu», avait indiqué l'armée dans un communiqué. Selon l'acte d'accusation, les soldats ont «agi contre le détenu avec une grande violence». Ces brutalités «ont causé de graves blessures physiques au détenu, notamment des côtes fracturées, un poumon perforé et une déchirure rectale interne.»

Informations compromettantes

Les faits se sont produits le 5 juillet 2024 lors d'une fouille du détenu conduit dans une zone adjacente à la prison, les yeux bandés, menottes aux mains et aux chevilles, selon la même source. L'acte d'accusation mentionne de nombreuses preuves recueillies au cours de l'enquête, notamment des images extraites des caméras de surveillance et des documents médicaux. Le centre de détention de Sdé Teiman a été aménagé dans une base militaire pour y incarcérer des Palestiniens arrêtés notamment à Gaza depuis le 7-Octobre.

En juillet 2024, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, avait publié un rapport selon lequel, depuis l'attaque du 7-Octobre, de nombreux Palestiniens avaient été emprisonnés dans le secret avec dans certains cas un traitement pouvant s'apparenter à de la torture.

Lundi matin, Channel 12 rapporte que la police soupçonne Yifat Tomer-Yerushalmi, qui avait laissé dimanche une lettre pouvant évoquer la volonté de se donner la mort, selon les médias, d'avoir eu recours à une mise en scène pour se débarrasser de son téléphone susceptible de contenir des informations compromettantes. 

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