Des déclarations explosives
Angela Merkel juge la Pologne et les pays baltes en partie responsables de la guerre en Ukraine

L'ex-chancelière allemande Angela Merkel attribue à la Pologne et aux Etats baltes une part de responsabilité dans le déclenchement de la guerre d'agression russe en Ukraine. Elle leur reproche d'avoir bloqué le dialogue de l'UE avec Poutine en 2021. Varsovie s'insurge.
Publié: 10:53 heures
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Selon l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel, la Pologne serait en partie responsable de la guerre en Ukraine.
Photo: IMAGO/NurPhoto
Daniel Kestenholz

L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a, de manière indirecte, attribué une part de responsabilité à la Pologne et aux pays baltes dans le déclenchement de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine. C’est ainsi que plusieurs médias allemands ont interprété des propos tenus par l'ancienne dirigeante dans un entretien accordé au média hongrois en ligne Partizán.

Selon Merkel, ces pays auraient contribué à la détérioration des relations entre l’Union européenne (UE) et la Russie, un enchaînement qui aurait, in fine, conduit à la guerre en Ukraine. L'ex-chancelière a ainsi rappelé que les accords de Minsk, qu’elle avait négociés en 2015, avaient permis de «calmer la situation» entre 2015 et 2021 et avaient offert à l’Ukraine une période de répit pour se renforcer. 

Un blocage qui aurait accentué les tensions

En 2021, elle avait proposé un nouveau cadre de dialogue entre l’UE et le président russe Vladimir Poutine. Ce projet avait toutefois été bloqué par la Pologne et les Etats baltes, qui craignaient que l’Union ne parvienne pas à définir une politique commune vis-à-vis de Moscou.

Selon Merkel, cet échec a contribué à l’escalade des tensions puis à la guerre. «J’ai ensuite quitté mes fonctions, et c’est à ce moment-là que l’agression de Poutine a commencé», a-t-elle conclu.

Co-responsabilité de Covid

Mais pour Angela Merkel, il ne s'agit toutefois pas de la cause première de la «radicalisation» du Kremlin: «Le Covid-19 est la principale raison», a-t-elle affirmé.

L’absence de rencontres en personne avec Vladimir Poutine aurait, selon elle, eu des effets dévastateurs: «Si vous ne pouvez pas vous rencontrer, si vous ne pouvez pas discuter de vos différences en face à face, vous ne trouverez pas de nouveaux compromis.» Et l'ex-dirigeante de conclure: «Les visioconférences n'ont pas suffi.»

Colère de l'ex-président polonais

L’ancienne chancelière n’a toutefois pas mentionné la politique d'agression continue de la Russie contre l’Ukraine depuis 2014, ni l’escalade observée dès 2021, alors que Moscou préparait déjà son invasion à grande échelle.

L'ancien président polonais Andrzej Duda, qui était en fonction en 2021, a fermement rejeté les propos de Merkel. Selon lui, la Pologne n’est pas une complice, mais bien une cible potentielle de la Russie. Il a également mis en garde contre toute négociation susceptible de renforcer la légitimité politique de Vladimir Poutine.

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