Le secteur retient son souffle
Le Gruyère, première victime des taxes de Donald Trump

Face aux menaces douanières de Donald Trump, la filière fromagère suisse s'inquiète. Le Gruyère AOP, avec 4341 tonnes exportées, est particulièrement exposé au marché américain.
Publié: 30.04.2025 à 14:54 heures
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Dernière mise à jour: 30.04.2025 à 15:05 heures
Environ 40% de la production de Gruyère est exportée dans le monde. Et les tarifs douaniers font craindre une chute des commandes.
Photo: KEYSTONE
Blick

Notre fromage suisse est mondialement reconnu et très prisé à l’étranger. Environ 40% de la production est exportée vers plus de 70 pays. Après l’Allemagne et l’Italie, les Etats-Unis représentent le troisième marché d’exportation.

Selon Switzerland Cheese Marketing, 11,1% des 8774 tonnes de fromage sont partis vers les Etats-Unis en 2024, pour une valeur de 114 millions de francs. Face aux menaces douanières du président américain Donald Trump, une chose est sûre: la filière fromagère suisse retient son souffle.

Pas tous les fromages sont touchés

Mais toutes les variétés ne sont pas exposées de la même manière au marché américain, comme le rapportent mercredi les journaux de CH Media. L’Appenzeller, par exemple, n’est exporté qu’à environ 100 tonnes – l’impact devrait donc rester limité.

En revanche, le Gruyère AOP est bien plus concerné. Avec 4341 tonnes, il représente à lui seul près de la moitié des exportations totales de fromage suisse. Viennent ensuite la version bon marché de l’Emmental «Switzerland Swiss» (2724 tonnes) et, en troisième position, le véritable Emmental AOP avec 400 tonnes.

Des commandes en baisse

Pour Philippe Bardet, directeur de l’Interprofession du Gruyère, la popularité de ce fromage s’explique avant tout par son goût. «Le Gruyère se distingue clairement des fromages américains locaux», déclare-t-il à CH Media. Ces dernières années, les ventes ont fortement progressé. «Nous avons beaucoup investi», souligne Philippe Bardet.

Mais les tensions douanières commencent à se faire sentir. «Les intermédiaires commandent moins ou préfèrent attendre, faute de visibilité», explique-t-il. Il reste toutefois confiant: une hausse de prix pour les consommateurs américains pourrait, selon lui, être acceptée. «Les clients d'outre-Atlantique sont généralement moins sensibles aux prix lorsqu’il s’agit de fromage.»

Reste que ces hausses tarifaires pèsent sur toute la branche et tombent au pire moment. Car après deux années difficiles, les exportations de fromages suisses avaient enfin repris des couleurs en 2024.

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