Les Nations unies ont appelé le Sri Lanka à remédier à son «déficit de responsabilité» et à garantir la justice dimanche, date à laquelle le pays commémore le 5e anniversaire du massacre de 279 personnes, l'attaque terroriste la plus meurtrière de l'histoire de l'île. Une «enquête approfondie et transparente» doit être menée pour découvrir les responsables de l'attaque du dimanche de Pâques 2019, a déclaré Marc-André Franche, coordinateur de l'ONU dans le pays lors d'une cérémonie commémorative à Colombo.
Trois églises et trois hôtels avaient été ciblés par un attentat-suicide, attribué à un groupe jihadiste local revendiquant son affiliation au groupe Etat islamique. Parmi les victimes, 45 étrangers, dont des touristes qui visitaient l'île 10 ans après la fin d'un conflit ethnique brutal qui avait fait plus de 100'000 morts depuis 1972, ont trouvé la mort dans l'attaque.
Les autorités jugées responsables
«Le Sri Lanka souffre d'un déficit persistant en matière de responsabilité, que ce soit pour des crimes de guerre présumés, des violations plus récentes des droits de l'homme, la corruption ou l'abus de pouvoir, et ce déficit doit être comblé si le pays veut aller de l'avant», a déclaré M. Franche. Il a souligné que les victimes cherchaient toujours à obtenir justice bien que la Cour suprême du pays ait déclaré l'ancien président Maithripala Sirisena et ses hauts fonctionnaires responsables de ne pas avoir empêché l'attaque. Le bureau des droits de l'homme des Nations unies a demandé à Colombo de publier les conclusions complètes des enquêtes précédentes sur les attentats du dimanche de Pâques et de mettre en place une commission d'enquête indépendante, a-t-il noté.
L'Église catholique du Sri Lanka a affirmé que des officiers du renseignement militaire étaient en relation avec les extrémistes qui ont perpétré l'attentat qui a favorisé les ambitions politiques de Gotabaya Rajapaksa. Quelques mois plus tard, cet ancien officier de l'armée qui a fait campagne sur la sécurité était élu à la présidence. M. Rajapaksa a été chassé du pouvoir en juillet 2022 après des mois de protestations contre une crise économique sans précédent.
Les catholiques du Sri Lanka doivent organiser une manifestation silencieuse dimanche pour exiger une enquête sur les attentats. Des preuves présentées dans le cadre d'une procédure civile engagée peu après les attentats ont montré que les services de renseignement indiens avaient prévenu Colombo des attentats 17 jours plus tôt, mais que les autorités n'avaient pas agi. Le président de l'époque, Maithripal Sirisena, et ses collaborateurs ont été condamnés à verser 310 millions de roupies (1 million de dollars) d'indemnités aux victimes et à leurs proches. Mais la décision n'a pas encore été pleinement appliquée, car M. Sirisena a fait appel.
(ATS)