Doyen des chefs d'Etat
À 92 ans, Paul Biya s’offre un huitième mandat au Cameroun

Le président du Cameroun Paul Biya, 92 ans et doyen d'âge des chefs d'Etat dans le monde, a prêté serment jeudi à Yaoundé pour un huitième mandat. Sa réélection contestée a déclenché des manifestations violemment réprimées.
Publié: 15:13 heures
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Paul Biya (à gauche) a été proclamé vainqueur de la présidentielle du 12 octobre avec 53,66% des voix selon les résultats officiels (archives).
Photo: Welba Yamo Pascal
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ATS Agence télégraphique suisse

Le président camerounais Paul Biya, doyen des chefs d’Etat en exercice dans le monde, a prêté serment jeudi à Yaoundé pour un huitième mandat. Sa réélection, contestée par l’opposition, a provoqué des manifestations sévèrement réprimées. Vêtu d'un simple costume sombre, main droite levée, Paul Biya, 92 ans, a prêté serment au cours d'une cérémonie à l'Assemblée nationale devant notamment les magistrats du Conseil constitutionnel.

«Je ne ménagerai aucun effort pour continuer à être digne de cette confiance», a-t-il ensuite déclaré dans un discours d'une vingtaine de minutes, devant des députés, figures politiques et diplomates mais en l'absence de dirigeants étrangers. «Je mesure pleinement la gravité de la situation que traverse notre pays. Je mesure le nombre et l'acuité des défis auxquels nous sommes confrontés et je mesure la profondeur des frustrations et l'ampleur des attentes», a-t-il poursuivi dans ce discours retransmis à la télévision nationale.

Des pertes humaines

Le président Biya a été proclamé vainqueur de la présidentielle du 12 octobre avec 53,66% des voix selon les résultats officiels publiés par le Conseil constitutionnel. Mais Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre passé à l'opposition, qui a suscité un engouement inattendu chez les jeunes avides de changement, revendique également la victoire. «Il y a deux présidents désormais, le président élu par le peuple camerounais que je suis et le président nommé par le Conseil constitutionnel que vous connaissez», a clamé Issa Tchiroma Bakary sur ses réseaux sociaux mercredi.

Issa Tchiroma Bakarya appelé à plusieurs reprises ses partisans à défendre ce qu'il estime être sa victoire. Des manifestations sporadiques et limitées – quelques centaines de jeunes – dans plusieurs villes du Cameroun ont été réprimées dans le sang après l'annonce le 27 octobre de la réélection de Paul Biya. Le gouvernement a reconnu des «pertes en vies humaines» durant ces manifestations sans donner de bilan ou de détails de dates ou lieux.

Les troubles vont-ils s'aggraver?

L'opposant a depuis appelé à des opérations «villes mortes» de lundi à mercredi, un appel diversement suivi dans les grandes villes du Cameroun. Le mouvement a été largement suivi dans son fief de Garoua ou à Douala la capitale économique. À Yaoundé, en revanche, la plupart des commerces étaient ouverts, les enfants à l'école et les employés au travail.

La localisation actuelle de Issa Tchiroma Bakary est inconnue. Mardi, un de ses porte-parole avait indiqué à l'AFP que celui-ci était «en mouvement». Le gouvernement a annoncé son intention d'engager des poursuites judiciaires contre l'opposant, dénonçant notamment ses «appels répétés à l'insurrection».

«Aucun des deux camps n'étant disposé à céder, le risque de voir les troubles s'aggraver est élevé», s'est inquiété fin octobre l'International Crisis Group (ICG). Dans son texte, le centre de réflexion relaie des incohérences dans les résultats officiels et évoque lui-même des chiffres «étonnants». L'Union européenne et l'Union Africaine ont déploré la violence de la répression des autorités. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a appelé à l'ouverture d'une enquête.

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