Les autorités brésiliennes ont annoncé jeudi avoir lancé une vaste opération visant à démanteler un réseau de blanchiment monté par le crime organisé dans la filière des carburants, à travers certaines institutions financières du pays.
Les membres de ce gigantesque réseau de fraude et de blanchiment auraient dissimulé l'argent illicite par le biais de placements suspects dans une quarantaine de fonds d'investissements, selon les autorités. «C'est une des plus grandes opérations de l'histoire contre le crime organisé», a déclaré le ministre de la Justice, Ricardo Lewandowski, lors d'une conférence de presse à Brasilia.
Environ 1400 agents mobilisés
Les autorités n'ont pas précisé quel groupe criminel a été ciblé, mais la presse brésilienne cite le Premier commando de la capitale (PCC), un des principaux gangs du pays, actif notamment dans le trafic de drogue. D'après le fisc brésilien, les mouvements financiers du réseau de blanchiment ont atteint 52 milliards de réais (environ 8 milliards de francs) de 2020 à 2024.
Au total, l'opération a ciblé 350 personnes ou entreprises dans une dizaine d'Etats, notamment ceux de Rio de Janeiro et Sao Paulo. Dans la mégalopole Sao Paulo, des agents ont mené des perquisitions dans l'avenue Faria Lima, le centre d'affaires du pays où se trouvent les sièges de nombreuses institutions financières. Environ 1400 agents de divers organes publics ont été mobilisés.
Un «système sophistiqué»
Selon les enquêteurs, le crime organisé s'était infiltré «dans plusieurs maillons de la chaîne de la filière des carburants, de l'importation à la production, la distribution à la commercialisation aux consommateurs». Ce «système sophistiqué» permettait «non seulement de blanchir de l'argent du crime, mais aussi d'obtenir des profits» grâce aux carburants, a détaillé le fisc.
Les agents ont «identifié des irrégularités dans plus de 1000 stations-service de dix Etats». L'argent était ensuite placé dans des entreprises de fintech, startups dédiées aux services financiers, et non dans des banques traditionnelles, «pour rendre plus difficile sa traçabilité», selon l'administration fiscale.