Impossible, bien sûr, d’oublier ce dimanche 10 avril fatal. 4,8% des suffrages – en dessous des 5% indispensables pour obtenir le remboursement public de ses frais de campagne électorale. Valérie Pécresse, 54 ans, est sortie humiliée de la présidentielle française de 2022 après son échec cinglant au premier tour.
Promue un temps rivale possible d’Emmanuel Macron, la présidente de la région Ile de France devient, ce jour-là, la risée de son camp et d’une bonne partie des électeurs conservateurs français. L’ancien président Nicolas Sarkozy, qui s’était bien gardé de la soutenir, se frotte les mains.
Tout lui est reproché: sa mauvaise élocution, sa mise très «Bon chic Bon genre», son ton professoral, son manque d’empathie avec les électeurs, ses zigzags entre le discours de la droite libérale et celui de la droite identitaire, voire extrême. Terrible. Tout le monde, ce jour-là, la croyait enterrée.
Valérie Pécresse bouge encore
Or Valérie Pécresse bouge encore, politiquement parlant. Celle que personne n’écoute plus a même crânement choisi de ne pas changer de partition. La voilà, aux rencontres économiques annuelles d’Aix en Provence ce week-end, en train de mettre en garde les Français contre eux-mêmes, et de redire que le libéralisme n’est pas si mauvais. Osé!
«Je m’inquiète de cette passion de l’égalité qui, en France, l’emporte sur la liberté» lâche-t-elle devant l’ancien premier ministre Edouard Philippe, qui lui attend son tour pour la présidentielle 2027. L’administration française et les services publics que la gauche sanctifient: «Il faut avoir le courage de reconnaître que lorsque ça ne marche plus, il vaut mieux supprimer une structure et la recréer. Empiler et rêver de réparer toujours, ça ne marche pas avec l’État».
En France, le débat droite-gauche s’est radicalisé
Valérie Pécresse pourrait être suisse, britannique ou allemande. Problème: elle est française. Et ici, le débat droite-gauche s’est radicalisé, accordant une prime maximale aux extrêmes. Sarkozy, le dernier chef de l’État issu de ce camp politique, préfère rester dans l’ombre confortable d’Emmanuel Macron.
Les Républicains, le parti pivot de la droite, se console avec ses 62 députés tout juste élus. L’ancienne candidate à la présidentielle, elle, ne veut rien lâcher: «La vérité, plus personne n’ose la dire en France. Oui, la caisse est cramée. Le déficit commercial n’a jamais été aussi élevé (85 milliards d’euros en 2021, le pire de l’histoire). On ne veut plus parler de performance des services publics alors que ce n’est pas un gros mot. L’État français a de plus en plus de mal à assumer ces trois missions prioritaires: Protéger, Eduquer, soigner».
Un avenir politique national?
Un avenir politique national? Personne n’y songe vraiment aujourd’hui en France pour Valérie Pécresse, laminée par sa tentative du printemps 2022.
Mais elle y a gagné sa liberté de parole à droite. Hors des parrains et des barons de sa formation politique. Avec pour objectif les Jeux Olympiques de 2024 à Paris, qui ramèneraient l’Ile de France aux avant-postes. Noyée dans les urnes, Valérie Pécresse a choisi désormais de surfer comme elle peut. En attendant la prochaine vague.