A quel point les Russes sont-ils désormais affaiblis?
L'Ukraine humilie Poutine avec l'action «Toile d'araignée»: les enjeux principaux

L'action «Toile d'araignée: une attaque longuement préparée, portée en plein cœur de l’armée russe. Mais après la destruction d’une grande partie de sa flotte aérienne, la riposte du Kremlin contre l’Ukraine pourrait être de grande ampleur.
Publié: 03.06.2025 à 09:00 heures
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Dernière mise à jour: 03.06.2025 à 11:21 heures
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Le bombardier stratégique Tu-95 a été touché par des drones ukrainiens.
Photo: keystone-sda.ch
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Guido Felder

Dans le cadre de la spectaculaire opération «Toile d'araignée», les services secrets intérieurs ukrainiens ont attaqué dimanche midi quatre bases stratégiques russes, jusqu'à 4000 kilomètres de la frontière. Selon les informations ukrainiennes, jusqu'à 40 bombardiers capables de transporter des armes nucléaires ont été détruits ou endommagés. 

Les saboteurs avaient préparé les drones à proximité des bases sans que personne ne les remarque et les avaient envoyés à distance, probablement une fois de retour en Ukraine. C'est donc un tour de force des Ukrainiens, et sans doute pas le dernier à toucher le cœur de la Russie.

La guerre s'étend-elle désormais à la Russie?

Avec de telles attaques, l'Ukraine veut montrer à la Russie qu'elle n'est pas en sécurité. Ainsi, à l'avenir, les attaques avec des missiles de croisière et des roquettes à longue portée devraient se multiplier, si les pays fournisseurs, comme l'Allemagne, l'autorisent.

Ulrich Schmid, expert de la Russie à l'Université de Saint-Gall, explique: «L'Ukraine veut porter la guerre en Russie afin de faire comprendre aux dirigeants et à la population que la guerre ne se déroule pas uniquement dans une lointaine Ukraine.»

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Les dommages pour les Russes sont estimés à 7 milliards de dollars
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Jusqu'à présent, les cibles étaient surtout les infrastructures énergétiques et les liaisons ferroviaires. Ce n'est que dans la nuit de samedi à dimanche que des ponts ont été détruits à Briansk et à Koursk, faisant ainsi dérailler deux trains. Selon Marcel Berni, expert en stratégie à l'Académie militaire de l'EPF, les frappes contre les installations militaires pourraient se multiplier à l'avenir.

A quel point les Russes sont-ils affaiblis maintenant?

Au moins 40 avions militaires russes, dont des bombardiers stratégiques Tu-95 et Tu-22M ainsi que des avions d'alerte avancée Beriev A-50, ont été détruits ou endommagés, selon les données ukrainiennes. Cela représente environ un tiers de tous les appareils capables de lancer des missiles de croisière. Les dommages sont estimés à 7 milliards de dollars.

Les bombardiers stratégiques ne sont plus produits, leur remplacement par des appareils mis au rebut n'est possible que de manière limitée. Marcel Berni précise: «Les attaques aériennes coordonnées avec des missiles de croisière et des roquettes devraient désormais être plus difficiles pour la Russie.»

Quelle est l'ampleur des dégâts d'image pour Poutine?

Des blogueurs militaires ultranationalistes en Russie ont vivement critiqué leur propre état-major, évoquant un «Pearl Harbor russe». Ulrich Schmid ajoute: «Le préjudice d'image pour la Russie est énorme.» Le nom de Pearl Harbor fait référence à la base hawaïenne attaquée par surprise en 1941 par le Japon, durant la Seconde Guerre mondiale, causant la destruction d’une grande partie de la flotte américaine du Pacifique.

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L'Ukraine voulait démontrer sa force à la veille des discussions d'Istanbul
Marcel Berni, expert militaire
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Qui a aidé les Ukrainiens?

De nombreux éléments indiquent que les Ukrainiens ont agi de manière autonome. «C'est crédible tant sur le plan technologique que logistique et cela contredit le récit du Kremlin selon lequel l'Ukraine n'est pas capable de mener des attaques stratégiques dans la profondeur russe», explique Marcel Berni.

Pourquoi les Ukrainiens frappent-ils maintenant?

Selon Ulrich Schmid, le moment n'est pas un hasard, mais est lié aux négociations de lundi en Turquie. Il poursuit: «L'Ukraine voulait démontrer sa force à la veille des discussions d'Istanbul et montrer ainsi clairement qu'elle n'est pas prête à faire des concessions à la Russie sur des points décisifs.»

Comment le Kremlin va-t-il réagir?

Dans la nuit de dimanche à lundi, le Kremlin a réagi en lançant des attaques de drones et de missiles sur Kharkiv. Marcel Berni déclare: «La pression sur Poutine pour qu'il fasse preuve de fermeté va augmenter.» Ulrich Schmid, quant à lui, s'attend à des attaques de missiles et de drones encore plus violentes, probablement aussi sur des cibles civiles. 

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