Vendredi à 5 heures du matin, de fortes précipitations ont fait monter le niveau de la rivière Guadalupe, au Texas, jusqu’à huit mètres de haut. Les pluies torrentielles ont englouti des caravanes, des maisons, des véhicules et des zones entières. Bilan de la catastrophe: au moins 101 morts. Parmi eux, de nombreuses personnes en vacances, et beaucoup d'enfants.
Après ces inondations meurtrières au Texas, le président américain Donald Trump est sous pression. Car dans sa frénésie d'économies, il a supprimé des centaines de postes au sein du Service météorologique national (NWS), y compris dans la région touchée par les inondations. Porte-t-il donc une part de responsabilité dans le nombre élevé de victimes?
Dans tous les cas, Trump avait été prévenu. Il y a quelques semaines, cinq anciens directeurs du NWS avaient critiqué les coupes budgétaires et attiré l'attention sur les possibles conséquences mortelles de ces mesures. Mais le président américain n'avait pas réagi…
Mesures d'économie massives dans le service météorologique
Sous son mandat, Trump a supprimé près de 600 postes au NWS par le biais de licenciements ou de retraites anticipées. Parmi eux se trouvaient de nombreux météorologues expérimentés et d'autres scientifiques importants. L'Agence nationale pour l'océan et l'atmosphère (NOAA) a vu son budget réduit jusqu'à 30%, ainsi que ses effectifs diminués de 18%. Cela concerne notamment un laboratoire qui travaille sur des technologies permettant de mieux prévenir les crues soudaines...
Probablement à cause de mesures d'économie, deux bureaux du NWS au Texas manquaient de collaborateurs clés au moment des inondations. A San Antonio, notamment, selon Tom Fahy, directeur du syndicat NWS, un employé essentiel, qui faisait le lien entre les météorologues et les gestionnaires d’urgence, avait été mis à la retraite.
Trump porte au moins une part de responsabilité. Le météorologue John Morales, basé à Miami, a écrit sur X que, bien que les absences dans les bureaux n’aient pas directement affecté le processus d’alerte, elles ont peut-être nui à la coordination des secours. Il reste toutefois impossible de déterminer combien de personnes en détresse ont été secourues trop tard.
Systèmes d'alerte insuffisants
Pour Philipp Adorf, expert des Etats-Unis à l'Université de Bonn, il est difficile d'évaluer dans quelle mesure la réduction des effectifs a contribué à la catastrophe. Il estime toutefois que la responsabilité principale incombe plutôt aux autorités locales. «Le service météorologique national avait déjà émis des avertissements plusieurs heures avant la catastrophe, et même douze heures avant dans un comté concerné.»
S'ajoute à cela le fait que dans les régions concernées, des plans pour un meilleur système d'alerte avaient déjà été mis en place il y a des années – donc avant l'arrivée de Trump au pouvoir. Les autorités locales auraient ainsi discuté de l'installation de sirènes et d'indicateurs de niveau. Des mesures abandonnées pour des questions de coût, rapporte le «New York Times». A la place, la population a été prévenue par des messages écrits qui, dans certains cas, sont arrivés trop tard ou ont été ignorés.
Trump ne se sent pas coupable
Donald Trump lui-même ne se sent en tout cas pas coupable. Lorsqu'un journaliste lui a demandé si ses mesures d'austérité étaient en partie responsables d'autant de morts, il a répondu de façon évasive: «Je ne vous entends pas», avant de passer à la question suivante. Selon lui, c'est son prédécesseur – Joe Biden – qui est responsable du système d'alerte défaillant.
Sa porte-parole, Abigail Jackson, a redoublé d'efforts. Elle a qualifié les critiques sur les réductions de financement de «honteuses et révoltantes» et a accusé les détracteurs de vouloir politiser une catastrophe.
Danger aussi en avion?
Philipp Adorf n'exclut pas que les mesures d'économie de Trump puissent avoir des conséquences dangereuses. Comme dans le trafic aérien, par exemple. «De nombreux contrôleurs aériens travaillent à la limite de leurs capacités, ce qui peut avoir des conséquences considérables en termes de sécurité», estime l'expert. Le démantèlement des normes environnementales pourrait également avoir une influence déterminante, par exemple sur la santé de la population - et ce surtout dans les États sous contrôle républicain.
Pour le Texas, les inondations ne sont pas encore terminées. Les météorologues mettent en garde contre de nouvelles pluies et inondations. Mais malgré les catastrophes météorologiques annoncées : Trump maintient sa politique d'austérité.