Le rival du Premier ministre hongrois Viktor Orban, Peter Magyar, a présenté dimanche devant des milliers de personnes à Budapest les résultats d'une grande consultation, avec parmi les enjeux la question de l'adhésion de Kiev à l'Union européenne (UE).
Sujet sensible
Le sujet est très sensible dans ce pays voisin de l'Ukraine à l'approche des élections législatives du printemps 2026. L'initiative de Peter Magyar, baptisée «Voix de la nation», a été lancée le 24 mars en ligne et sur le terrain, lui-même allant à la rencontre des électeurs «dans chaque recoin du pays», s'est-il félicité en s'adressant à une place noire de monde.
Quelque 12000 bénévoles ont sillonné les campagnes, victimes parfois de violentes attaques de la part de partisans de Orban, selon des vidéos abondamment relayées sur internet. Plus de 1,1 million de citoyens, dans ce pays de 9,6 millions d'habitants, ont répondu à un total de 13 questions portant sur les impôts, les pensions de retraite et aussi des sujets plus internationaux.
Face à un gouvernement qui attaque régulièrement Bruxelles, 98% ont soutenu l'appartenance de la Hongrie à l'UE, tandis que 58% se sont dits favorables à l'adhésion de l'Ukraine, alors que des négociations ont été officiellement lancées en juin 2024.
«Les résultats montrent que le sujet divise la société et sera donc soumis à un référendum juridiquement contraignant quand nous accèderons au pouvoir», a commenté Peter Magyar, tout en promettant que la Hongrie redeviendrait «un allié fier et fiable de l'Otan et un membre à part entière de l'UE».
Mettre fin au règle Orban
Cet ex-haut fonctionnaire de 44 ans, devenu un critique virulent du pouvoir, espère mettre fin l'an prochain au règne de M. Orban, qui a progressivement mis au pas les contre-pouvoirs depuis son retour à la tête du gouvernement hongrois en 2010.
La formation Tisza de Peter Magyar pose un défi sans précédent au parti Fidesz, dont la solide avance s'est évanouie selon plusieurs sondages. Le Premier ministre riposte en durcissant le ton, en particulier contre l'Ukraine, dont une adhésion à l'UE «ruinerait» selon lui le bloc.
Le gouvernement a prévu d'envoyer la semaine prochaine un bulletin de vote appelant les Hongrois à se prononcer pour ou contre, une méthode sans effet légal qu'il utilise depuis 2015 pour légitimer ses positions anti-UE. Dans le document explicatif, il brandit sans aucune preuve plusieurs menaces: «la perte des fonds européens destinés à notre pays, qui seraient entièrement reversés à l'Ukraine», «l'arrivée massive de main d'oeuvre ukrainienne bon marché» aux dépens des Hongrois, ou encore l'apparition de réseaux criminels organisés ukrainiens et même d'épidémies faute de vaccination suffisante en Ukraine.