Fruit d'un mélange étonnant
Ce qui se cache derrière le vin culte Nez Noir

Qu'il s'agisse de vin blanc, rosé ou rouge, tout le monde en Suisse connaît les étiquettes de la bouteille avec le mouton au Nez Noir. Mais qui se cache derrière ces vins? Le domaine Rouvinez se révèle à travers l'une de ses vigneronnes: Véronique Besson-Rouvinez.
Publié: 19:16 heures
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Séance de photos et de dégustation des cinq vins Nez Noir.
Photo: Nicolas Greinacher
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Nicolas Greinacher

Près de Sion (VS), un virage serré au large de la route principale, la route des Falaises, mène à une petite colline. Au sommet se trouvent le Domaine Rouvinez et l'une des trois vigneronnes phares de la famille: Véronique Besson-Rouvinez. Cette dernière raconte aujourd'hui l'histoire du vin Nez Noir, devenu un incontournable en Suisse.

Le Domaine Rouvinez a été fondé en 1947 par ses grands-parents, après que les Caves Orsat eurent refusé leur récolte de raisins en raison d’une surproduction. Le domaine est alors né dans un petit local où le grand-père, ouvrier en aluminium, s’est lancé dans la vinification en parallèle de son métier principal. Ce qui n’était au départ qu’un «hobby» s’est transformée en une véritable entreprise, exploitant aujourd’hui 80 hectares de vignes et produisant une belle diversité de vins.

Les frères et sœurs Rouvinez ont le vent en poupe

Aujourd'hui, ce sont ses descendants, notamment Véronique et ses deux frères, qui continuent à gérer l'exploitation. «Frédéric s'occupe de la culture, je vinifie et mets en bouteille, Philippe commercialise les vins», explique Véronique Besson-Rouvinez. Leurs parcours se complètent idéalement: Véronique est ingénieure et œnologue, tandis que ses frères ont étudié la gestion d'entreprise à Lausanne et à Saint-Gall.

La philosophie de leur grand-père a profondément marqué le domaine: pour eux, le plus important est de trouver le cépage idéal pour chaque site, non pas en fonction des exigences du marché, mais des goûts de la famille. C'est ainsi que sont nés des terroirs clairement délimités, qui comprennent aujourd'hui, entre autres, dix hectares de Johannisberg et quatre hectares de Marsanne. «Cela simplifie le travail, car il n'est pas nécessaire de planter plusieurs fois la même parcelle en raison de périodes de maturation différentes.»

La famille Rouvinez a également tenté très tôt de nouvelles pratiques: dès les années 1990, elle s'est concentrée sur la production intégrée, a renoncé aux insecticides et a encouragé la biodiversité. Dès 2008, elle a franchi une nouvelle étape: la première culture biologique sur une parcelle isolée. Aujourd'hui, l'intégralité de la production de feuilles et de raisins est traitée en agriculture biologique, fruit de décennies de développement.

Et c'est ainsi que le vin Nez Noir est né

L'histoire du vin Nez Noir valaisan a débuté de manière inhabituelle, avec un berger qui souhaitait en fait prendre sa retraite. Ce géomètre et éleveur amateur de moutons au nez noir, une espèce rare, approchait de la retraite et cherchait une solution pour ses animaux. L'idée de laisser paître les moutons dans les vignes après les vendanges présentait alors plusieurs avantages: fertilisation naturelle, entretien du feuillage et réduction des coûts d'alimentation. «Une situation gagnant-gagnant», selon Véronique Besson-Rouvinez.

Presque simultanément, le Domaine Rouvinez a créé un assemblage de Merlot, Syrah et Gamaret – considéré comme un vin de réserve – mais au lieu de les revendre, il a tenté d'assembler les vins. Le résultat est étonnant! Les frères et sœurs étaient ravis… et lorsqu'un journaliste leur a envoyé une photo d'un mouton au nez noir, le nom et l'étiquette du vin étaient tout trouvés.

Le premier vin rouge Nez Noir a été lancé en 2017, suivi d'un rosé en 2019 et d'une cuvée blanche en 2020. Le Nez Noir Réserve, une noble version en barrique, est ensuite venue compléter la gamme. Ce qui n'était au départ qu'une idée née entre les vignes et les pâturages est aujourd'hui devenu un incontournable du monde viticole valaisan.

Dans le verre, le Nez Noir rouge présente des arômes de cassis et de fraises mûres, avec une légère douceur résiduelle en fin de bouche. Son pendant blanc brille tout autant par ses notes d'agrumes croquantes, tandis que le rosé convainc par ses arômes de baies exotiques et son bel équilibre. Ce sont finalement trois vins valaisans accessibles qui ménagent le porte-monnaie.

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