L'appellation Château Margaux fait déjà battre le cœur des amateurs de grands vins rouges. Si l'on ajoute à cela un millésime historique daté de l'année 1947, on imagine rapidement à des sommes à quatre chiffres. C'est ce qui a probablement traversé l’esprit de notre lecteur, qui nous a demandé un avis concernant une bouteille de Château Margaux 1947 appartenant à une membre de sa famille.
«La sœur de ma compagne possède ce vin depuis 30 ans. Son mari, aujourd'hui décédé, conservait cette bouteille depuis plus de 50 ans. Elle a d'abord reposé pendant 20 ans dans la cave de leur ancienne maison et, jusqu'à aujourd'hui, dans leur nouveau lieu de résidence. On ignore en grande partie d'où provient le vin à l'origine.» Regrettable, car la provenance revet une importance cruciale dans un cas pareil.
L'étiquette soulève des questions
En observant l'étiquette, on comprend rapidement qu'il ne s'agit pas d'une mise en bouteille originale du château. Le graphisme diffère nettement de l’original: au lieu d’une illustration finement gravée représentant le domaine, l'étiquette montre une photographie.
A cela s’ajoute que l’appellation indiquée est Haut-Médoc, alors que le Château Margaux relève de l’appellation Margaux. Sascha Bäggli, négociant en vins rares et expert en Bordeaux, estime qu’il «s’agit peut-être d’une mise en bouteille dite Négociant. Cela signifie qu’un négociant a acheté un ou plusieurs fûts provenant du véritable Château Margaux, puis les a stockés et mis en bouteille de sa propre initiative.»
A la question de savoir pourquoi l’étiquette porte la mention «Appellation Haut-Médoc Contrôlée» au lieu de «Appellation Margaux Contrôlée», Sascha Bäggli précise: «Peut-être le Château Margaux a-t-il été assemblé en grande partie avec des vins du Haut-Médoc et ne pouvait donc plus être déclaré comme Margaux. Ou alors il s'agit d'une contrefaçon. Dans tous les cas, cette bouteille présente des éléments troublants.»
Valeur difficile à déterminer
Selon lui, il est extrêmement complexe d’estimer la valeur d’une telle bouteille. «Il se peut qu’un collectionneur l’achète par pure curiosité. Mais dépasser 250 francs me paraît peu réaliste, d’autant plus qu’il est très probable que le contenu ne soit plus buvable.» Dommage, car les mises en bouteille originales de Château Margaux 1947 atteignent effectivement, selon leur état, largement plus de mille francs.