L'intelligence artificielle (IA) générative est capable de faire mieux que les humains aux tests d’intelligence émotionnelle, selon une étude de scientifiques genevois et bernois publiée dans Communications Psychology. Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles utilisations dans l’éducation ou la gestion des conflits.
Une équipe de l’Université de Genève (UNIGE) et de l’Université de Berne (UniBE) a soumis six IA génératives (ChatGPT-4, ChatGPT-o1, Gemini 1.5 Flash, Copilot 365, Claude 3.5 Haiku et DeepSeek V3) à des tests d’intelligence émotionnelle.
Cinq tests utilisés
«Nous avons choisi cinq tests utilisés dans la recherche mais aussi dans le monde du travail. Ils se présentaient sous la forme de nombreuses mises en situation, émotionnellement chargées, visant à évaluer les compétences de compréhension, de régulation et de gestion des émotions», explique Katja Schlegel, de l’Institut de psychologie de l’UniBE, auteure principale de l’étude, citée jeudi dans un communiqué des deux hautes écoles.
Par exemple: «un collègue de Michaël lui a volé son idée et reçoit injustement des félicitations». Quelle serait la réaction la plus efficace de Michaël?: a) se disputer avec le collègue concerné b) parler de la situation à son supérieur c) en vouloir à son collègue en silence d) lui voler une idée en retour. Ici, c’est la réaction b) qui était considérée comme la plus pertinente.
Un comportement intelligent
En parallèle, ces mêmes cinq tests ont été proposés à des participantes et participants humains. Résultats: les grands modèles de langage (LLM) ont obtenu des scores significativement meilleurs avec 82% de réponses correctes contre 56% pour les humains.
«Cela démontre que ces IA possèdent des connaissances sur les émotions et sur ce qu’implique un comportement émotionnellement intelligent», note Marcello Mortillaro, de l’UNIGE, co-auteur de la recherche.
Nouveaux tests en un temps record
Lors d’une deuxième étape, les scientifiques ont demandé à ChatGPT-4 de créer de nouveaux tests d’intelligence émotionnelle, avec des scénarios inédits. Ces tests générés automatiquement ont ensuite été soumis à plus de 400 participantes et participants. «Ils se sont révélés d’une fiabilité, d’une clarté et d’un réalisme similaires à ceux des tests originaux, qui avaient pourtant nécessité des années de développement», indique Katja Schlegel.
Les LLM ne sont donc pas seulement capables de trouver la meilleure réponse parmi différentes options proposées, mais aussi de générer de nouveaux scénarios adaptés à un contexte souhaité, selon les auteurs. Ces résultats ouvrent la voie à l’utilisation de l’IA dans des contextes que l’on croyait réservés aux humains, comme l’éducation, le coaching ou la gestion de conflits, à condition qu’elle soit encadrée par des spécialistes.