L'ancien négociateur est pessimiste
Les droits de douane seront «difficiles à renégocier», estime Philippe Nell

Le président américain Donald Trump impose des droits de douane de 39% sur les importations en provenance de Suisse. Les réactions du monde politique et économique sont également violentes. Voici les réactions en direct.
Publié: 02.08.2025 à 14:19 heures
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Dernière mise à jour: 02.08.2025 à 15:24 heures
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Blick avec l'ATS
02.08.2025, 19:21 heures

La Suisse va préparer «une future offre» aux Etats-Unis

«Nous cherchons à comprendre où il y a eu un manque», a déclaré le conseiller fédéral Guy Permelin à la RTS samedi après le «grand choc» causé par les surtaxes douanières de 39% imposées par les Etats-Unis. Il garde l'espoir d'infléchir la décision de Donald Trump. «Le Conseil fédéral peut en tout temps avoir une réunion. Il va très rapidement prendre connaissance (des détails de la position américaine, ndlr) pour comprendre de quoi il s'agit, quel a été le problème à l'origine de la décision du président des Etats-Unis», a dit le Vaudois. «Nous allons tout essayer pour montrer notre bonne volonté et retravailler notre offre», a-t-il ajouté. «L'état général du dossier sera dressé très rapidement.»

Le Conseil fédéral était confiant en vue d'une issue favorable après le projet de déclaration d'intention convenu entre les deux parties et approuvé le 4 juillet par le collège. Cette déclaration, obtenue après des mois de discussions, avait été négociée de bonne foi, a encore indiqué M. Parmelin, prêt à se rendre aux Etats-Unis si ceux-ci le demandent.

Photo: keystone-sda.ch
02.08.2025, 15:20 heures

Droits de douane «difficiles à renégocier», selon Philippe Nell

Ancien négociateur pour la Confédération, Philippe Nell a fait part de son pessimisme sur une possible renégociation des droits de douane américains samedi sur les ondes de la RTS. Pour l'ambassadeur honoraire, le court délai ainsi que la masse de dossiers que doit gérer Donald Trump ne plaident pas en faveur de la Confédération.

«Pour que la Suisse revienne en haut de la pile, il faudra de nouveaux éléments dans ce dossier», a déclaré Philippe Nell dans une interview diffusé dans le 12h30. Il estime toutefois qu'il sera difficile d'en amener des nouveaux. L'ancien négociateur juge donc que les droits de douane à 39% seront donc «difficiles à renégocier», d'autant que ni l'excédent commercial de près de 40 milliards de dollars ni les mesures prises pour limiter l'appréciation du franc suisse ne sont près de changer.

Imaginer des sanctions helvétiques comme réponse n'est pas une bonne idée pour Philippe Nell car «la part de la Suisse dans le monde des affaires, dans le secteur militaire ou dans d'autres domaines des Etats-Unis est minime». L'ancien négociateur estime qu'il faut reprendre contact avec l'administration américaine et avec Donald Trump. «On doit commencer avec l'administration, qui nous soutenait. C'est à elle de convaincre son président», analyse-t-il.

Source: ATS

01.08.2025, 22:06 heures

L'un de nos voisins s'en sort très bien

Alors que la Suisse a été durement touchée, les Etats-Unis ont épargné le Liechtenstein. Les droits de douane, annoncés dans la nuit de jeudi à vendredi, s'élèvent à 15 % sur les marchandises en provenance du Liechtenstein, un taux nettement inférieur aux 37 % initialement envisagés. «Le fait que les droits de douane supplémentaires soient nettement inférieurs à ceux annoncés en avril est un pas dans la bonne direction. J'en suis ravie, même si des défis subsistent», a réagi la cheffe du gouvernement, Brigitte Haas, vendredi dans un communiqué.

En raison de son appartenance à un espace économique commun avec la Suisse, le Liechtenstein s’est engagé dès le début en faveur d’une solution conjointe. La principauté a ainsi participé aux négociations en vue d’un accord trilatéral avec les Etats-Unis. Aucun accord n’a toutefois pu être conclu avec Washington. Les Etats-Unis ont décidé au final d’appliquer des droits de douane distincts pour les deux pays, qui partagent notamment la même monnaie.

«Les droits de douane différents désormais communiqués pour le Liechtenstein et la Suisse nous placent dans une nouvelle situation», a déclaré la vice-cheffe du gouvernement Sabine Monauni. Elle a précisé que les répercussions seront analysées avec les milieux économiques, en coordination étroite avec la Suisse.

Photo: U. Baumgarten via Getty Images

Source: ATS

01.08.2025, 18:12 heures

L'USS, inquiète, rejette toute mesure au détriment des salariés

Les droits de douane imposés par Donald Trump menacent l'industrie d'exportation et l'emploi en Suisse, a indiqué vendredi l'Union syndicale suisse (USS). Son président Pierre-Yves Maillards presse le Conseil fédéral d'agir rapidement, et rejette toute mesure «unilatérale» au détriment des salariés.

Dans une prise de position transmise à Keystone-ATS, l'USS plaide pour une prolongation supplémentaire, à 24 mois, du droit à l’indemnité pour le chômage partiel (RHT). Cette proposition figure dans une initiative parlementaire portée par les partenaires sociaux de l'industrie. L'USS note qu’un premier allongement à 18 mois est justement entré en vigueur ce premier août.

Photo: keystone-sda.ch

Source: ATS

01.08.2025, 16:49 heures

Neuchâtel se dit «consterné et inquiet»

Le Canton de Neuchâtel a lui aussi réagi vendredi à la hausse de 39% des droits de douane décidée par les Etats-Unis, qui constituent le premier pays d'exportation pour l'économie neuchâteloise. «Cette décision constitue une très mauvaise nouvelle», regrette le Conseil d'Etat dans un communiqué. Avec 5,4 milliards de francs en 2024, les exportations neuchâteloises vers les Etats-Unis représentent 37% des exportations totales du canton.

En Suisse, seul Bâle-Ville exporte davantage outre-Atlantique. L'économie neuchâteloise, fortement dépendante des secteurs industriel, horloger et pharmaceutique se trouve ainsi «confrontée à une situation source de grande inquiétude», souligne le canton.

Les autorités neuchâteloises attendent désormais que le Conseil fédéral poursuive ses négociations avec le gouvernement des Etats-Unis afin de «réduire l’ampleur d’une telle mesure». Le Conseil d'Etat va de son côté mettre tout en oeuvre pour relayer les préoccupations et réalités des entreprises neuchâteloises auprès de la Confédération et évaluer les conséquences et les besoins des acteurs économiques du canton face à cette situation.

Source: ATS

01.08.2025, 15:32 heures

Droits de douane américains pas justifiés selon Scienceindustries

L'association économique du secteur de la chimie, de la pharma et des sciences de la vie Scienceindustries estime que les droits de douane américains imposés sur les produits suisses sont «injustifiés tant sur le plan économique que sur celui de la politique sécuritaire». L'association appelle vendredi les autorités suisses à poursuivre leurs efforts diplomatiques.

Pour Sciencesindustries, le Conseil fédéral devrait «insister avec force pour que ces mesures soient retirées ou assouplies». En tant qu'investisseur important, la Suisse joue un rôle central dans l'économie américaine et garantit plus de 400'000 emplois de qualité.

Il est également «essentiel» de renforcer la place économique suisse dans un contexte difficile. Les réglementations inutiles et les charges financières supplémentaires pour les entreprises doivent ainsi être «systématiquement évitées», ajoute l’association. Il s'agit de garantir la compétitivité de l'économie suisse à long terme.

Source: ATS

01.08.2025, 13:55 heures

La Suisse «spécialement maltraitée», déplore Guy Parmelin

La Suissa a été «spécialement maltraitée» dans le dossier des droits de douane, a déploré vendredi Guy Parmelin. Le Conseil fédéral va très rapidement se repencher sur la question, pour comprendre «ce qui n'a pas fonctionné», ce que veulent exactement les Etats-Unis et Donald Trump et voir s'il y a une marge de manœuvre.

Photo: KEYSTONE

Interrogé par la RTS en marge des festivités du 1er Août, le ministre de l'économie a reconnu que la situation était «extrêmement difficile» pour la Suisse. Il a relevé le niveau des taxes imposées aux produits suisses mais aussi la perte de compétitivité par rapport aux principaux partenaires que sont l'Union européenne ou le Royaume-Uni, qui s'en sortent beaucoup mieux.

Le conseiller fédéral a cependant souligné que la Suisse avait déjà traversé de très nombreuses crises et qu'elle les avait toujours surmontées. «Les autorités et la population ont toujours trouvé des solutions, ensemble», a insisté le Vaudois, ajoutant que le moment était venu de «serrer les rangs».

Source: AFP

01.08.2025, 13:24 heures

Cantons de Genève et de Vaud: «gueule de bois» et «douche froide»

La décision du président américain Donald Trump d'imposer des droits de douane de 39% à la Suisse suscite la stupéfaction et l'inquiétude dans l'Arc lémanique. Elle risque de lourdement affecter l'économie exportatrice des cantons de Genève et de Vaud.

«Aujourd'hui, on a la gueule de bois. Il s'agit d'une vraie déclaration de guerre commerciale. C'est injustifié et injustifiable, d'une gravité sans précédent sur le front économique», a déclaré à Keystone-ATS Vincent Subilia, directeur de la Chambre de commerce, d'industrie et des services de Genève (CCIG). «La mauvaise nouvelle est particulièrement grave et irrationnelle. C'est d'une injustice criante», affirme-t-il.

«L'économie genevoise sera très sévèrement affectée, de l'horlogerie au medtech en passant par le secteur des machines-outils. Nous sommes le deuxième canton suisse exportateur vers les Etats-Unis. Cela représente quelque 3,4 milliards de francs d'exportation par année», s'inquiète Vincent Subilia.

Voir sous d'autres cieux?

Même «douche froide» pour le Canton de Vaud. «C'est d'une lourdeur folle. C'est irréel. Cela va être insupportable pour notre économie exportatrice», commente Philippe Miauton, directeur de la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie (CVCI). «Nos entrepreneurs sont tous abasourdis et inquiets», ajoute-t-il.

Photo: keystone-sda.ch

«L'économie vaudoise est très diversifiée et tout le monde est concerné. Elle sera donc forcément touchée de manière décuplée», s'inquiète-t-il aussi. «S'il n'y a pas de solution, il faudra songer à aller voir sous d'autres cieux, à déménager des productions ailleurs», prévient-il.

Pour les deux responsables, la balle est désormais dans le camp du Conseil fédéral. «Il va devoir prendre son bâton de pèlerin, redoubler de combativité et activer la diplomatie commerciale pour obtenir si possible des concessions», plaide Vincent Subilia. «Au Conseil fédéral de faire l'effort, de ramener du calme dans notre économie», poursuit Philippe Miauton.

Source: ATS

01.08.2025, 12:50 heures

Martin Pfister affiche sa confiance sur les droits de douane

Le Conseil fédéral est très déçu par la décision américaine d'imposer des droits de douane à 39% aux produits suisses, a déclaré vendredi Martin Pfister. Il s'était fortement engagé pour une bonne solution et avait été confiant. Le résultat doit être analysé de près.

Pfister avait assuré être sûr que la Suisse trouverait une solution avec le président Trump sur la question des tarifs douaniers.
Photo: KEYSTONE

Le gouvernement négociera ensuite en conséquence et restera en contact avec les Etats-Unis. «Nous continuons à chercher une meilleure solution, pour éviter que le taux ne reste à 39%», a déclaré le ministre de la défense à Keystone-ATS en marge d'un brunch à la ferme du 1er Août à Lütisburg (SG).

Dans son discours, prononcé un peu plus tôt, Pfister avait assuré «être sûr que nous trouverons une solution avec le président Trump sur la question des tarifs douaniers».

Le ministre centriste a par ailleurs rejeté la revendication des Vert-e-s de suspendre immédiatement l'acquisition de l'avion de combat américain F-35. Si le projet devait être abandonné, la Suisse n'aurait plus d'avion de combat à partir de 2032 au plus tard, a-t-il expliqué. Or le pays a besoin d'une police aérienne, surtout en ces temps troublés, a-t-il ajouté.

Source: ATS

01.08.2025, 12:27 heures

L'interprofession du Gruyère reste relativement confiante

L'Interprofession du Gruyère (IPG) avait déjà anticipé en juillet une hausse des taxes américaines en réduisant de 3% les quotas de production. Elle entend à présent poursuivre ses efforts promotionnels aux Etats-Unis, tout en gardant ouverte l’option de mettre l'accent sur le marché européen sans oublier la Suisse.

Une vue des meules de Gruyere AOP dans les caves d'affinage du Gruyere AOP de l'entreprise Fromco, appartenant au Groupe Emmi.
Photo: KEYSTONE

«Il faut que l'on travaille avec ses 39%», a indiqué à Keystone-ATS le président de l'IPG Pierre-Ivan Guyot, qui reste confiant malgré l'annonce de Donald Trump. La situation globale des stocks et de la production-ventes de ce fromage emblématique sont saines.

Si l'IPG qualifie vendredi la décision de Donald Trump d'injustifiée et d'unilatérale, elle garde cependant un «petit espoir» quant à l'obtention à terme d'un accord moins défavorable.

En 2024, l'exportation du Gruyère AOP aux Etats-Unis avait battu un record avec 4300 tonnes sur 13'000 tonnes environ vendues en dehors des frontières. Pierre-Ivan Guyot souligne que ce fromage reste un produit qui se situe dans un segment plutôt haut de gamme aux Etats-Unis.

Dans son rapport de juillet, swissmilk rappelait que 10% des exportations de fromages étaient destinées aux Etats-Unis. De janvier à mai 2025, les exportations vers ce pays ont toutefois été inférieures de 631 tonnes (–18,9 %).

Source: AFP

Le président américain Donald Trump impose dès le 7 août des droits de douane de 39% sur les produits suisses, soit plus que les 31% initialement annoncés. La Suisse se retrouve ainsi en tête des pays européens soumis à ces droits de douane punitifs et occupe la quatrième place au niveau mondial.

Un accord a échoué, malgré des semaines de négociations et une relation personnelle entre la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter et Trump. Le choc est profond en Suisse – les premières réactions sont vives.

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