Pour David Vogel, l’Université de Lausanne (UNIL) fait fausse route. Au bout du fil, le député vert’libéral au Grand Conseil vaudois dénonce même «une indignation sélective» et regrette le «degré zéro de la réflexion institutionnelle et politique». Ambiance…
La raison de son courroux: des prises de position de l’UNIL sur différents canaux publics. D’abord, son message de solidarité avec toutes les populations du Proche-Orient publié sur son site. Mais aussi son texte de «solidarité avec l’Ukraine» — également sur son site — ainsi que celui concernant la situation en Iran, cette fois sur Instagram.
«Pas des communiqués de presse»
Ces trois exemples sont, en substance, en faveur de la paix. Dès lors, est-il légitime de s’en émouvoir? «C’est une question de principe: on est heureux d’apprendre que, comme Miss Monde, l’UNIL est contre la guerre et pour la paix dans le monde. Mais est-ce le rôle d’une université?», peste l’élu, qui a d’ailleurs confronté le lieu de formation.
L'école se défend dans un courriel adressé à David Vogel, dont Blick a obtenu copie. «Je me permets de souligner qu’il ne s’agit pas de communiqués de presse, dans la mesure où la cible première n’est pas les médias, mais la communauté de l’UNIL», écrit Marc de Perrot.
Et le secrétaire général de développer: «[...] Le contenu des messages n’est pas un positionnement institutionnel, mais un message d’empathie pour des personnes touchées par une situation de violence. De même, le choix des circonstances justifiant une telle communication n’est pas motivé par la gravité ou l’impact géopolitique d’une situation ni par la nature de celle-ci, mais par l’ampleur de son impact sur une partie de la communauté de l’UNIL.»
Plus loin, l'établissement «constate qu’il ne lui appartient pas de se positionner de quelque façon que ce soit en faveur de l’une ou l’autre partie de tout conflit sur la planète, qui ne la concerne pas de manière directe et sur lequel sa mission académique ne lui donne aucune légitimité à se prononcer». Par conséquent, qu’est-ce ce qui conditionne ses réactions ou positionnements? «La souffrance ou la difficulté matérielle que celle-ci peut provoquer sur une partie de sa communauté qui serait issue de la zone géographique impactée ou aurait des liens avec celle-ci.»
«La société de l’indignation sélective»
Ces lignes font bondir le parlementaire. «Ce ne sont pas que des messages d’empathie, ce sont des prises de position politiques de l’UNIL envoyées aux membres de sa communauté. Condamner X, dire ce que doit faire Y, ce n’est pas anodin.»
En outre, toujours d’après l’habitant de La Côte, les motivations de l’université derrière ces communications sont regrettables. «Les conditionner à la souffrance d’une partie de la communauté, c’est mettre en place la société du ressenti, soit la société de l’indignation sélective», tance-t-il.
L’élu enchaîne, un brin ironique: «Il n’y a pas d’Afghans à Dorigny touchés par l’expulsion de 1,7 million de réfugiés par le Pakistan? Il n’y a pas non plus d’Arméniens touchés par les plus de 100’000 individus qui ont quitté le Haut-Karabakh? Soyons sérieux. L’UNIL doit se recentrer sur ses affaires et arrêter de pérorer sur la marche du monde.» Un coup de gueule que le centriste compte porter en plénum, ce mardi matin, glisse-t-il encore avant de raccrocher.