L’UDC en a assez. En juin, les femmes ont manifesté haut et fort dans tout le pays pour plus d’égalité, y compris sur la Place fédérale. Et ce malgré la session parlementaire! Ça a été la goutte de trop pour le parti agrarien.
Les grandes manifestations devant le Palais fédéral ont longtemps été interdites lorsque le Parlement était en session. Le déroulement des débats ne devait pas être perturbé. Mais en 2021, la ville, propriétaire de la Place fédérale, a changé les règles du jeu.
Désormais, les manifestations sont possibles pendant les sessions, du moment que les autorités de la ville le juge approprié. L’élément qui a déclenché l’indignation de la droite a justement été l’occupation non autorisée de la Place fédérale par des activistes du climat à l’automne 2020. Le Parlement s’en était déjà offusqué à l’époque. Il a exigé que la ville fasse évacuer la place. Mais Berne a fait la sourde oreille.
«Quelle preuve d’indigence!»
Le fait que la Confédération ne veuille rien changer à la situation agace profondément le conseiller national UDC Christian Imark: «Manifestement, le Conseil fédéral veut se décharger de toute responsabilité, aussi bien pour l’application du droit et de l’ordre que pour la sécurité sur la Place fédérale, s’énerve-t-il. Quelle preuve d’indigence pour notre pays!»
Après la grève des femmes, Christian Imark et ses collègues de parti en ont eu assez: par voie d’intervention, ils ont demandé au Conseil fédéral d’entamer des négociations avec Berne. Pour eux, la Confédération doit acheter la place fédérale.
Mais le Conseil fédéral ne veut rien en savoir. Il n’y a pas de base légale pour justifier un tel achat. La place fédérale est juridiquement considérée comme une route communale qui pourrait en principe être transformée en route nationale, mais dans certaines conditions qu’elle ne remplit pas.
En parallèle, la loi sur les routes de la ville de Berne ne prévoit pas la privatisation des routes communales. C’est ce qui ressort de la réponse publiée du gouvernement après l’intervention.
Rien ne changerait
Pour permettre un achat, il faudrait créer une base légale en collaboration avec Berne. «Il semble donc peu plausible que la Confédération décide d’une réglementation totalement différente de celle de la ville de Berne actuellement en vigueur», estime le Conseil fédéral. En d’autres termes, la place continuerait d’être utilisée pour des marchés hebdomadaires, des réceptions d’État ou des manifestations politiques. Le message que le gouvernement fait passer en filigrane: chère UDC, même si la Confédération achète la place, rien ne changera.
Mais ce n’est pas tout: sous la houlette de la ministre des Finances Karin Keller-Sutter, le Conseil fédéral précise également que l’achat de la place serait trop cher. Il y aurait «des conséquences financières et personnelles importantes», prévient le gouvernement sans donner de chiffres. A cela s’ajouteraient les coûts d’entretien et d’exploitation ainsi qu’une responsabilité en cas d’accident. Le Conseil fédéral n’a définitivement pas envie de s’infliger cela.
«C’est de toute façon le contribuable qui paie»
Qu’à cela ne tienne: Christian Imark est convaincu que des bases légales pourraient être créées. L’UDC serait ravie de faire une nouvelle proposition, glisse-t-il à Blick.
Les réserves sur le plan financier ne sont pas compréhensibles, selon lui. «D’un côté, de l’argent s’en va, de l’autre, de l’argent arrive.» L’élu UDC reconnaît que la place doit être entretenue. Mais que ce soit par la ville de Berne ou par la Confédération, «au final, c’est de toute façon le contribuable qui paie».
La réponse sans équivoque du Conseil fédéral n’est pas surprenante. Car cette intervention n’est pas la première tentative de l’UDC. Lors de l’occupation de la Place fédérale par les activistes du climat en 2020, Christian Imark demandait même l’expropriation de la place fédérale. Mais la motion n’a jamais été soumise au vote. Deux ans plus tard, elle a été classée sans suite.