Epuisement émotionnel
Les travailleurs suisses peinent à déconnecter après le travail

Les travailleurs suisses sont de plus en plus épuisés émotionnellement après le travail. Ils ont aussi de plus en plus de mal à s'en déconnecter, montre le «Baromètre Conditions de travail» publié jeudi sur mandat de la faîtière des syndicats Travail.Suisse.
Publié: 09:40 heures
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Dernière mise à jour: 10:33 heures
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Quatre personnes interrogées sur dix se sentent régulièrement épuisées à la fin de leur journée de travail. Plus du quart d'entre elles indiquent devoir être joignables en dehors des heures de travail, ce qui rend la récupération encore plus difficile.
Photo: GAETAN BALLY
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ATS Agence télégraphique suisse

Plus d'heures supplémentaires et une charge de travail dépassant largement les heures prévues: les travailleurs suisses sont de plus en plus épuisés émotionnellement après le travail et ont de plus en plus de mal à s'en déconnecter, montre le "Baromètre Conditions de travail" publié jeudi sur mandat de la faîtière syndicale Travail.Suisse. Dans l'ensemble, la qualité du travail reste toutefois stable.

Selon l'évaluation globale des plus de 1400 personnes interrogées, la qualité du travail n'a que légèrement baissé – de 67,7 à 67 points sur 100 – par rapport à 2024. Un recul principalement dû à une détérioration de l'indice santé, a détaillé Travailsuisse lors d'une conférence de presse jeudi à Berne.

Le domaine de la santé a en effet connu en 2025 une détérioration par rapport à l'année précédente (de 61,5 à 60). Cela en raison de l'augmentation de la charge de travail des employés, dont l'un des principaux moteurs est, selon Travail.Suisse, le temps de travail.

Heures supplémentaires et présentéisme

La moitié des travailleurs interrogés effectuent régulièrement des heures supplémentaires. Près d'un quart travaillent plus de dix heures par jour, une valeur qui a augmenté d'environ 2,5% par rapport à l'année précédente. «Ces chiffres montrent clairement que le surmenage n'est plus une exception», a déclaré Adrian Wüthrich, président de Travailsuisse, cité dans un communiqué publié à l'occasion de la présentation du baromètre.

Après un bref recul pendant la pandémie de Covid 19, le présentéisme – travailler bien qu'étant malade – est rapidement revenu à son niveau antérieur. En outre, les effets de la charge de travail liés au stress continuent d'augmenter. Cette évolution indique un risque croissant pour la santé des travailleurs, pointe Travail.Suisse.

Régulièrement épuisés

Quatre personnes interrogées sur dix se sentent régulièrement épuisées à la fin de leur journée de travail. Plus du quart d'entre elles disent devoir être joignables en dehors des heures de travail, ce qui rend la récupération encore plus difficile.

Environ un tiers des sondés disent n'avoir pas assez de temps pour se reposer. Et 42,4% souffraient souvent ou très souvent de stress. Un cinquième estime même qu'il est presque impossible de concilier vie professionnelle et vie privée.

Selon Travailsuisse, cela souligne que l'épuisement émotionnel est un facteur de stress sérieux au travail. Les limites floues entre vie professionnelle et vie privée, et des temps de repos insuffisants sont particulièrement problématiques, estime la faîtière des syndicats.

Le télétravail crée de nouveaux clivages

Le Baromètre 2025 révèle également un fossé qui se creuse entre les emplois avec et sans possibilité de télétravail. Plus de 42% des sondés ont indiqué avoir travaillé au moins partiellement à domicile.

Ils étaient globalement plus satisfaits, grâce à une autonomie et une flexibilité accrues. Les emplois sans possibilité de télétravail étaient eux généralement associés à des conditions plus pénibles. Le télétravail rend toutefois plus difficile la séparation entre vie professionnelle et vie privée.

Plus de trois quarts d'employés satisfaits

Dans le même temps, 82,6% des personnes interrogées se sont dites satisfaites de leur travail, en légère augmentation par rapport à 2024. Un nombre légèrement plus élevé de travailleurs qu'en 2024 a aussi estimé que leur travail apportait une contribution importante à la société. La dimension de la motivation présente également la valeur la plus élevée de toute l'enquête.

Le domaine de la sécurité présente lui aussi des résultats stables par rapport à 2024. Les préoccupations concernant son propre emploi restent stables. La peur de perdre son travail a fortement diminué ces dernières années en raison du faible taux de chômage et de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée.

Travail.Suisse relève que les développements politico-économiques actuels – comme les droits de douane des Etats-Unis sur les exportations suisses – n'ont pas encore pu être pris en compte au moment de l'enquête et pourraient peser davantage sur les perspectives. Le baromètre est relevé chaque année depuis 2015 par Travailsuisse et la Haute école spécialisée bernoise. Pour l'édition 2025, 1422 personnes ont été interrogées en ligne dans toute la Suisse.

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