Roi de l'absentéisme à Berne
Roger Köppel: «Non, je ne fais pas l'école buissonnière»

C'est un classement qu'il a pris la mauvaise habitude de dominer: Roger Köppel est le roi de l'absentéisme au Parlement. Selon des recherches de Blick, l'UDC zurichois a manqué un vote sur cinq depuis le début de la législature, souvent sans excuse. Il s'en explique.
Publié: 29.12.2022 à 17:59 heures
Si le rédacteur en chef de la «Weltwoche» a manqué un vote sur cinq durant la législature, c'est parce qu'il est un «entrepreneur dont l'activité est florissante», dit-il.
Photo: keystone-sda.ch
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Lea Hartmann

Ces trois dernières années, Roger Köppel a manqué 13% des jours prévus pour les sessions parlementaires sans s'être excusé. Ce taux d'absentéisme assure — et de loin — au rédacteur en chef de la «Weltwoche» le trône du roi du Conseil national en la matière. Le Conseil des États, lui, ne tient pas de liste de présence.

Tandis que beaucoup d'élus réagissent dans notre grand ranking, Roger Köppel avait choisi de ne faire aucun commentaire. Mais l'élu UDC a changé d'avis et prend désormais position. «Je ne suis pas un absentéiste, insiste-t-il d'emblée. Je suis un chef d'entreprise très engagé, dont l'activité est florissante.»

Pour le Zurichois, le fait de ne pas être toujours disponible serait plutôt une qualité, «au contraire de tous ces politiciens professionnels qui vivent au crochet de l'État, honorent tranquillement ce mandat et sont encensés par Blick». Lorsqu'il ne peut pas être présent, il préfère le dire honnêtement plutôt que se chercher des excuses pour tout de même toucher ses jetons de présence. «Cela fait des économies pour le contribuable», souligne Roger Köppel.

«Cela ne devrait pas être normal»

Ces propos sont-ils convaincants? Pas aux yeux de Claude Longchamp, politologue très expérimenté. Le Fribourgeois d'origine qualifie de «nonchalante» l'attitude de certains politiciens suisses face aux obligations de leur fonction. «De tels taux d'absentéisme ne devraient pas être la norme», estime-t-il.

Pourtant, les moyennes de présence sont à la hausse depuis quelques années. Pour Claude Longchamp, c'est une conséquence directe de la pression exercée par les classements publiés dans les médias. Ce n'est que depuis 2007 que tous les résultats des votes du Conseil national sont rendus publics et que le comportement de vote peut ainsi être disséqué avec précision.

Rater un vote sur cinq est inacceptable, selon le politologue, d'autant plus que les partis champions de l'absentéisme sont le Centre et les Vert'libéraux: «Précisément les deux groupes qui sont les plus décisifs, car ce sont eux qui participent à créer des majorités.»

Diana Gutjahr, championne absolue, n'a manqué que 5 votes sur 3925

L'analyse de Blick montre aussi que les femmes sont en moyenne nettement moins absentes que leurs collègues masculins. Et que les élus de gauche sont plus disciplinés que les élus de droite. Ce dernier point s'explique par le fait que les parlementaires bourgeois ont souvent plus de casquettes hors Parlement que leurs collègues de gauche, qui sont eux plus souvent des professionnels de la politique.

Il ne faut pas forcément voir dans les nombreuses absences une mauvaise volonté. Claude Longchamp parle d'une «surcharge structurelle» des parlementaires: ceux-ci ont de plus en plus de peine à assumer un mandat de milice très prenant, qui vient s'ajouter à leur planning familial et professionnel.

Mais il y a certains qui y parviennent à merveille et méritent un coup de chapeau. C'est le cas de la Thurgovienne Diana Gutjahr, 38 ans, qui dirige avec son mari une entreprise de construction comptant 80 employés. Ce qui n'a pas empêché l'élue UDC de participer à 3920 des 3925 votes — un record. De quoi mettre à mal la défense de son collègue de parti Roger Köppel...

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